dimanche 31 octobre 2010

Les dingues de l'écriture : NaNoWriMo 2010

Depuis novembre 2000, un évènement épique rassemble les légions d’écrivains du monde entier. Tous à leur clavier, les voilà cette année à nouveau prêts pour endurer un mois complet consacré à l’écriture : le NaNoWriMo. Le National Novel Writing Month, c’est-à-dire le mois national d’écriture de roman, ou plus littérairement : le Mois Martial de la Guerre du Roman.

En 2009, ils étaient 165 000 sur le champ de bataille, réduits à 30 000 bienheureux survivants. Combien en restera-t-il donc au terme de ce mois ?Pour les NaNoteurs, une seule chose importe : parvenir par tous les moyens à écrire 50 000 mots en trente jours, soit près de six pages à la journée. Le défi est fou, le défi est beau. Il fallait des grenouilles aux nerfs d’acier pour se frotter au périple. Les attendent la gloire éternelle, le repos du juste, mais aussi, et accessoirement, la satisfaction d’avoir achevé un projet, ajoutée à un illustre diplôme à imprimer ainsi que les fameux goodies de la victoire.

Au programme : écriture acharnée, prose au mètre, tendinite de l'index, overdose de café, mais aussi la petite flamme magique déposée sur l’autel des dieux de l’inspiration. Est-ce que ce travail sera vain ? Ce sera aux Muses d’en juger. Si le pari semble osé, pour les grenouilles de CoCyclics, il est digne d’être fait. Cette année, une dizaine d’entre elles relève le gant avec panache. Pour votre bonheur, nous en avons interrogé trois, en attendant de recueillir leurs témoignages après trente jours de combats inhumains… Jo Ann et Melindra ont déjà bravé le NaNoWriMo ; Kira va relever le challenge pour la première fois cette année.


L'échauffement

Les chiffres avant les coups : 50 000 mots en trente jours, cela représente un peu moins de 1 667 mots par jour, soit encore la bagatelle de six pages à noircir toutes les vingt-quatre heures… quand l’horloge se montre clémente. Car, pour les guerriers du NaNoWriMo la vie ne s’arrête pas au premier novembre et il faut bien garder de la force pour les études, le boulot, la famille, sans parler de nourrir les poissons. Melindra s’adonne à l’écriture une fois les portes closes, « le soir en rentrant du travail », la motivation chevillée au corps. Jo Ann, quant à elle, se fait plus spartiate : « La nuit ! Je suis incapable de travailler avec la lumière du jour, alors qu'après 23h, j'ai l'impression que l'univers m'appartient. Il fait nuit, il n'y a pas un bruit dedans ou dehors, c'est calme... j'ai toujours été plus productive la nuit, c'est héréditaire. »

Mais pour des grenouilles le fer et la plume appartiennent déjà au quotidien ; alors qu'apporte la participation au NaNoWriMo ?
« La seule (grande) différence », explique Jo Ann, « est que j'ai au moins 50 000 mots à écrire dans un court espace de temps. Je ne peux pas me donner le luxe de réécrire quinze fois le même passage et de buguer devant une scène qui ne colle pas au reste de l'histoire. Je dois avancer, et y revenir plus tard, quitte à écrire la fin avant le milieu ! »
Le point de vue de Melindra est sensiblement le même, ce qu’il faut, c’est tenir : « Il faut écrire, même si la scène n'est pas prête dans sa tête. Impossible de revenir en arrière pour corriger ou faire une lecture rapide des scènes précédentes, histoire de vérifier que tout tient bien ensemble. C'est à la fois frustrant car on sait que beaucoup de choses seront à corriger, et en même temps génial, car on avance ! » Ceci dit, cette pugnacité (et la vie de vieil ermite qui s’impose avec) offre une belle récompense, même si l’on se retrouve en charpie au trente novembre : « À la fin du mois, j'étais vraiment crevée et j'ai fait une pause... tout en couvant du regard mes 50 000 mots ! »

Bien entendu, écrire 50 000 mots exige une sanglante préparation. On ne se jette pas à corps et à âme dans une écriture éperdue sans avoir la moindre idée de ce que l’on va faire. Car telle est la voie martiale de l’écrivain. Kira, nouvelle dans le challenge, a déjà établi son plan de bataille : « Énormément de documentation, parce que j'écris une uchronie : j'ai donc un dossier sur les bateaux au XVIIIe siècle, un sur l'esclavagisme, un sur les Aztèques, un sur le temps chez les Aztèques, un sur les indiens Tainos, un sur les P'urepechas, un sur les techniques de dessin et d'écriture, un sur les pirates, une carte du Mexique, etc.Ensuite j'ai écrit un synopsis détaillé mais pas trop pour me laisser une certaine marge de manœuvre quant aux réflexions des personnages. J'ai utilisé la méthode du flocon * pour me faire des fiches de personnages plus précises que d'habitude. Le but du jeu étant qu'au moment d'écrire je ne sois bloquée ni par un problème de synopsis, ni par une incertitude sur le passé d'un personnage, ni surtout par un détail technique qui nécessiterait des recherches supplémentaires. »
Jo Ann témoigne d’une montée de niveau dans ses entraînements : partie d'une simple phrase lors de son galop d’essai en 2006, elle se constitue une documentation en 2007, reconstruit le récit sur une base préexistante en 2008 et 2009, et, cette année, elle prépare son univers de fantasy en entier ! Bien entendu, même avec un synopsis détaillé, une stratégie de combat sur mesure, l’expérience du champ de bataille conserve sa magie, ses pièges et ses imprévus : « les personnages m'ont réservé de sacrées surprises remettant en cause le déroulement de l'histoire. Beaucoup de détails se sont mis en place lors de l'écriture », nous avoue Melindra.


Le repos du guerrier ou la contre-attaque ?

La plume est l’âme de l’homme de lettres, l’écriture sa joie propre, mais atteindre les 50 000 mots représente une joie plus infinie encore. Que reste-t-il à vivre après ?
Pour Jo Ann, le but est clair : conclure un premier jet fiable pour les cycles de correction plus ou moins périlleux et de futures soumissions aux éditeurs : « Le NaNo pour moi n'est pas qu'un simple défi. Je l'utilise pour débuter l'écriture d'un roman que j'ai réellement envie d'écrire et plus tard faire publier. Donc je n'écris jamais n'importe quoi. 50 000 mots, oui, mais je peux récupérer 80% de ce que j'écris, ce n'est jamais du vent. J'arrive souvent à 70/90K, mais ma moyenne idéale est de 60K pour les romans, donc je peux faire des coupes sombres dans le texte sans que ça perde son sens. Je prends le NaNoWriMo très au sérieux. »
Pour Melindra aussi, le cycle de corrections sera une étape obligatoire pour obtenir un texte à la hauteur : « Ce roman inachevé traîne dans un coin de mon disque dur : j'ai réalisé que je n'avais écrit que la première partie. Je voulais écrire la suite pour le Challenge premier jet 2010, mais j'ai fini par comprendre que je devais corriger ce que j'avais écrit pour finaliser le synopsis de la seconde partie. »


Les premiers espoirs

Nous laissons à Kira le soin de conclure, très lucide par rapport à cette expérience de vie que va lui apporter le NaNoWriMo :« Je me suis mieux préparée que d'habitude avant d'écrire un texte : d'habitude les phases recherche / élaboration du scénario / fiches personnages se font à peu près toutes en même temps que l'écriture. Là je vais procéder en plusieurs phases dont une d'écriture intense. Je pense que c'est faisable, même si en fait ce qui m'attire le plus dans le principe, c'est l'émulation collective : je connais un certain nombre de personnes qui font le défi (dix-neuf d'après mes NaNo Buddies [Amis NaNoteurs]) et je trouve sympathique de suivre la progression des autres en même temps que la mienne. Peut-être que le projet sera terminé à la fin du NaNo, peut-être pas, j'ai du mal à évaluer le nombre de signes : dans ce cas je prendrai le temps qu'il faudra en plus pour le boucler. Je me doute bien que le texte écrit de cette façon nécessitera beaucoup de retravail, ce qui est d'ailleurs un reproche couramment fait au NaNo : la quantité plutôt que la qualité. Mais comme ça correspond à ma façon de travailler habituelle : un premier jet plutôt brouillon et plusieurs versions derrière, la formule me convient. Verdict le trente novembre ! »


Un grand « Hurrah ! » d'encouragement pour les valeureux participants, en attendant que le cor qui signale le début des hostilités retentisse enfin.


* Le flocon : méthode de construction en plusieurs étapes.

http://www.advancedfictionwriting.com/art/snowflake.php

jeudi 28 octobre 2010

Les adhésions aux Tremplins de l'Imaginaire sont ouvertes!

Les adhésions aux Tremplins de l'imaginaire sont ouvertes !

Le bulletin d'adhésion est disponible à ce lien : http://cocyclics.org/doc/Bulletin_adh%e9sion_Tremplins_2010-2011.pdf (il peut aussi être demandé par email).
Vous pouvez payer votre cotisation :
- par chèque à l'ordre de Tremplins de l'imaginaire,
- par virement,
- par PayPal.
Le bulletin d'adhésion détaille les modalités à suivre.
Attention, les commissions PayPal sont à la charge des adhérents pour les cotisations (qui sont de ce fait majorées de 0,79 € pour les transactions PayPal).
Pour recevoir une copie des statuts et du règlement intérieur et en prendre connaissance, il suffit d'en faire la demande par email à : tremplinsdelimaginaire[@]gmail[dot]com.
N'hésitez pas à poser vos questions par email !

vendredi 22 octobre 2010

Novellistes et bêta-lecture : Koïnsky nous parle de la section dédiées aux nouvelles sur le forum de CoCyclics

Comme nous l’avions déjà déclaré lors de nos entretiens sur l’anthologie Légendes !, la nouvelle occupe une place majeure au sein de CoCyclics. Le travail de bêta-lecture effectué sur le forum témoigne de l’implication et du sérieux de ses membres, et les nombreuses publications de textes courts, en fanzines et anthologies, constituent des récompenses mérités pour les auteurs, tout autant que pour eux et celles qui les auront bêta-lu.
Nous accueillons donc aujourd’hui Koïnsky, grenouille novelliste à la tête d’une jolie liste de nouvelles publiées. Il a eu la gentillesse de répondre à nos questions, parlant de son rapport au texte court, à la bêta-lecture… et au forum.

Q - Bonjour Koïnsky, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Tu fais partie des habitués du Port incertain, le forum réservé au travail des nouvelles, accessible après demande auprès d’un permanent. Dis-nous ce qui t’attire dans le format court…

R - Bonjour, et merci d’avoir pensé à moi pour cette séance de questions-réponses. Il est vrai que je fréquente régulièrement le Port et pourtant, en tant que lecteur, la nouvelle n’est pas mon format préféré ! Mais l’auteur débutant que je suis y trouve de nombreux avantages. D’ailleurs, je me souviens… lorsque j’ai débarqué sur le forum, tenant sous la patte un avorton de roman souffreteux, on m’a proposé avec tact de m'exercer sur des textes courts. J’ai suivi le conseil et je ne le regrette pas : c’est le meilleur que j’aie reçu sur CoCyclics.

La nouvelle constitue un excellent entraînement. La quantité réduite de temps nécessaire afin de clôturer les projets permet de les enchaîner rapidement, et donc d’expérimenter à l’envi différentes techniques et sujets tout en produisant des récits aboutis, ce qui est valorisant et motivant.

Le travail est varié : scénario, draft, corrections, bêtas, relectures… se succèdent à un bon rythme. C’est très divertissant et moins « pesant » que l’écriture d’un roman (qui présente bien des qualités, je ne discute pas là-dessus), où il faut tenir la distance.

Enfin, j'y vois un autre avantage pour les plumes peu expérimentées, la nouvelle est probablement le format-phare des premières publications. De nombreux webzines et fanzines (voire des jeunes maisons d’édition, dans le cadre de leurs anthologies) recherchent sans cesse des textes courts, avec un niveau d’exigence abordable pour un auteur novice (qui doit néanmoins apprendre à s’armer de patience et d’opiniâtreté).

Après tout cela, on risque de penser que je considère ce format comme réservé aux débutants. Il me semble au contraire qu’il est très difficile d’écrire une nouvelle de grande qualité. Mais c’est un débat à part entière…

Q - Comment te mets-tu au courant des appels à texte ?

R - Il existe une série de sites Internet et de fils de discussions de forums où sont listés les appels à textes de SFFF. Je les consulte de temps à autre afin de me tenir au courant des nouveautés. Récemment, j’ai surtout utilisé le fil dédié sur CoCyclics et le site Internet, assez connu je pense, de l’Antisèche des auteurs. J’en profite pour remercier les charmantes personnes qui s’occupent de les garder à jour (Melindra dans le cas du fil sur CoCy).

Q - À quoi commences-tu à réfléchir quand tu te lances dans une nouvelle ?

R - Ah, mais c’est une question difficile, ça ! On s’était pourtant mis d’accord… ;) Bon. En fait, j’aimerais disposer d’une « recette » pour trouver des idées de textes, mais je crois bien que ça n’existe pas.

Dans mon cas, le démarrage est différent à chaque fois. Je disais un peu plus haut que la nouvelle constitue selon moi un bon outil d’acquisition et d’expérimentation des techniques d’écriture. Du coup, la recherche d’une histoire n’est pas toujours ma priorité au début. Parfois, il arrive que je souhaite améliorer une faiblesse, ou simplement m’amuser à tester une approche particulière. Par exemple : j’ai envie de m'essayer à l’urban-fantasy humoristique (ou qui se veut drôle), ou alors avec deux points de vue, une mise en abîme, un personnage principal qui est un animal, ou encore un nain qui sait bien peindre, etc. Finalement, ça m’aide à trouver des idées, car mon projet s’étoffe grâce aux contraintes que je me donne. Mais souvent, quand même, c’est la recherche d’une histoire-que-j’aimerais-raconter qui guide mes "réflexions" (un grand mot peut-être) initiales.

Autre chose, j’écris surtout mes nouvelles dans le cadre d’appels à textes thématiques. C’est une facilité (en plus du format court) qui flatte ma nature paresseuse. Cela me permet en effet de débuter le travail avec le sujet général sous le bras. Petite gourmandise de super-paresseux : en panne d'inspiration, il m’est arrivé une fois ou deux de me résoudre à combiner les thèmes de deux AT afin de produire un seul récit qui sera envoyé de part et d'autre (toujours en prévenant l'éditeur, bien sûr). Le mixage de sujets imposés facilite la vie pour trouver une histoire originale et donne, à l’occasion, des résultats surprenants.

Q - À quel moment de ton écriture décides-tu de demander un bêta sur le Port ? Est-ce systématique ?

R - Quand j’ai l’impression de ne plus pouvoir améliorer le texte sans aide, soit parce que, après de multiples corrections, je manque de recul pour y voir clair, soit parce que j'estime avoir atteint mes limites sur la nouvelle en question.

Poster une prose aboutie sur le Port est une marque de respect envers les autres membres et le travail sérieux qui est réalisé sur le forum. Par ailleurs, un récit peaufiné soumis à la bêta recevra, je pense, des commentaires plus attentionnés, plus complets, et plus profonds qu’un texte bâclé. C’est donc également dans l’intérêt de l’auteur.

Pour ce qui est de l’aspect systématique de mon recours à la bêta sur le Port, je dirais oui à 95%. Simplement parce que le gain de qualité des textes passés à la moulinette sur Cocy est souvent énorme. Par ailleurs, le travail réalisé dans la mare est unique à ma connaissance, du moins sur l’Internet francophone. Je me souviens avoir halluciné quand j’ai découvert le forum…

Q - Et à quel moment décides-tu que tu n’as plus besoin de bêta, que ta dernière version du texte sera la définitive ?

R - C’est très variable. Je n’ai pas de plan pour ça. Je m’arrête quand mes bêtas et moi sommes contents du texte. Je sens le moment arriver grâce au « feeling » qui se dégage au fur et à mesure des discussions sur le fil de ma nouvelle, dans le Port.

Q - Parle-nous de la Salle des tortures, cette section si particulière du forum…

R - Ah, je vois… on essaie de me faire peur ! La Salle des tortures, dont le nom officiel est Salle d’attente, est un horrible endroit, sombre et sec (s’il était humide, ce serait trop agréable pour des grenouilles), où croupissent et s’encouragent les batraciens qui ont soumis un ou plusieurs récits, principalement dans le cadre d’appels à textes, et qui attendent une réponse de l’éditeur. Dans cette antichambre glacée mais chaleureuse, on garde la tête haute, en règle générale. Certains vomissent quand même discrètement dans les coins. C’est l’endroit où aller partager son impatience et des informations sur les délais de sentence (repoussés), sur le devenir de nos textes chez les éditeurs (qui pourraient bien les avoir égarés), et autres joyeusetés qui font le sel (imaginez l’effet sur la peau du batracien… horrible je vous dis) de la soumission de nos écrits. J’aime bien ce topic. En général, il est assez festif.

Q - Je suppose que tu bêta-lis aussi des textes. Cela fait partie du « contrat » des auteurs sur CoCyclics. Y’a-t-il une différence entre la bêta-lecture des nouvelles et celle des extraits de roman ?

R - N’en écrivant pas moi-même, je ne bêta-lis que très rarement dans la section spécifique aux extraits de roman… Je serais donc bien incapable de répondre à ta question avec précision. J’imagine que oui, des différences existent. La plus flagrante qui me vient à l’esprit est que, sur la nouvelle (qui est toujours postée intégralement sur le fil dédié), on peut juger un ensemble complet qui doit présenter une certaine cohérence. C’est impossible à faire sur un extrait de roman. Je ne m’aventurerai pas plus loin sur le sujet.

Q - Le succès des nouvelles passées sur le Port est relativement impressionnant. On a vu certaines anthologies envahies par ces petites créatures palmées. Quel est ton sentiment là-dessus ? En tant qu’auteur et en tant que bêta.

R - Ce succès est bel et bien impressionnant. Mais finalement, est-ce si étonnant ? Le nombre de grenouilles croît sans cesse, et l’atmosphère du forum reste studieuse et décontractée. Tout semble réuni pour que le processus que tu décris ne s’arrête pas, au contraire. D’ailleurs, j’en bats des palmes. En tant que bêta, voir publiée une nouvelle que l’on a participé à améliorer, même un tout petit peu, est très satisfaisant. En tant qu’auteur, il est fort agréable de se retrouver dans un sommaire aux côtés d’autres grenouilles. Et même lorsque l’on n’en fait pas partie, les « invasions » batraciennes dégagent une certaine aura qui encourage l'ensemble du forum, je pense.

Merci beaucoup Koïnsky pour tes réponses, et rendez-vous sur la plage pour continuer à travailler !

La liste des nouvelles publiées et passées par la bêta-lecture au sein de CoCyclics est disponible ici : viewtopic.php?f=1&t=3172

mardi 19 octobre 2010

À nous huit, novella !

Pingu, que l’on connaît sur la Mare pour sa bonne humeur, sa gentillesse et son enthousiasme à improviser des chansons, est aussi une auteure prolifique. Dans le disque dur de son ordinateur se cachent romans, nouvelles, novellas, poèmes, et même un peu de théâtre.
En août 2009, elle soumet sa novella La dernière plume au collectif CoCyclics. Un mois plus tard, on sabre le nénuphou : le manuscrit est accepté !

Toutefois, on n’entre pas en cycle uniquement pour boire, et si les bêta-lecteurs du collectif ont apprécié l’univers construit par l’auteur et son synopsis pour le moins intriguant, c’est en vue d'améliorations qu’ils ont voté « oui » à cette entrée en cycle.
Blackwatch et Sandrinoula, les deux alpha-lectrices qui suivront Pingu jusqu’à son entrée en phase III, lisent attentivement le texte. Puis, elles réalisent une fiche de synthèse où elles avouent leur coup de cœur pour l’originalité du monde inventé dans cette histoire, ainsi que pour le renouvellement de la quête classique « allons tuer le grand méchant ».
Mais comme on est là pour travailler et que la pommade, c’est pour après les coups, elles listent également les faiblesses de la novella.
Car c’est ça, être alpha-lecteur : questionner le texte et les intentions de l’auteur.

Sur le sujet du forum consacré à la phase I de La dernière plume, interrogations des alphas-lectrices, réponses de l'auteur et discussions s'enchaînent pendant près de dix mois.
Grâce à elles, Pingu enrichit et précise son univers. Comme souvent lors des phases I, l’auteur prend conscience que certaines dimensions ou certains passages de son texte apparaissent obscurs ; permettre à un auteur de pointer le fameux décalage qui apparaît parfois entre ce qu'il croit transmettre et ce que le lecteur comprend, c'est une des missions des alpha-lecteurs CoCyclics.

Après finalisation d’un plan de correction, Pingu se lance dans la phase II mi-juin 2010 et s’attèle aux corrections, ses alpha-lectrices toujours présentes pour l’épauler en cas de difficulté – c’est aussi ça, être alpha-lecteur chez Cocyclics.
Elle reprend chaque problème soulevé en phase I avec acharnement, relit et corrige encore et encore et finalise, début août, une nouvelle version de sa novella, rebaptisée L’après-dieux.


— Intermède : Paroles de novella —

Ordinateur principal, 10 septembre 2010.

J’ai entamé le programme d’amélioration textuelle en septembre 2009. Après une première consultation, j’ai dû me rendre à l’évidence : il fallait cesser de se voiler le titre, perdre quelques mots par-ci par-là n’était pas suffisant. Plusieurs opérations en profondeur étaient nécessaires. Tout d’abord, une marottesuccion sur la base. Ensuite, une découpe du tissage supérieur suivie de l’ablation des fils narratifs désaxés. Ce fut long, difficile, douloureux, et j’ai eu besoin du soutien de la cellule nénuthérapique.
En juin, boursouflée de cicatrices et couverte de pansements, j’ai quitté la clinique pour poursuivre le programme à domicile. Il me fallait apprendre à évoluer dans un nouvel équilibre.
Les cicatrices disparues et les pansements enlevés, je retourne à la clinique pour effectuer un bilan-diagnostic de fin de phase II auprès de deux nouvelles blouses vertes. Elles pointent une disgracieuse dissymétrie et des crevasses. Il faut réopérer. C’était en août 2010.
J’entame donc une nouvelle série d'opérations : ablation des amas adverbeux, styloplastie, réinjection de sens. Je m’habitue aux transformations. Ma silhouette a changé. 30 000 signes de plus, ça me va plutôt bien.
Mais ce n’est pas fini. Tout à l’heure, j’ai de nouveau rendez-vous à la clinique des textes. Je ne sais pas encore si quelques coups de lasers suffiront, ou s’il faudra envisager une nouvelle chirurgie textuelle.

— fin de l'intermède —


Après une première phase III sous l'œil acéré d'Iluinar et de Pandora, L'après-dieux se livre donc nu devant Tristeplume et NB, les bêta-lecteurs de phase III bis. La novella tremble dans le disque dur, mais les deux nouvelles « blouses vertes » succombent à son univers et à son style. D’ailleurs, Tristeplume ne cache pas un véritable coup de cœur pour l’un des personnages !
Ils dévorent l'histoire et l'annotent au fil de leurs réflexions et de leurs émotions. Verdict : il reste quelques retouches à effectuer.

Pingu organise alors les corrections à venir en listant et triant tous les points à corriger. C’est ainsi que, le 12 octobre 2010, elle entre en phase IV.
Sa mission : modifier avec une précision toute chirurgicale certains passages. La réussira-t-elle ?

samedi 16 octobre 2010

Une bêta s'assume et parle à visage découvert : Moi, Pandora D, 38 ans, adepte du fouet, bêta-lectrice

CoCyclics, ce sont des auteurs, mais aussi des bêta-lecteurs. Nous vous invitons donc aujourd'hui à partager l'expérience de Pandora, pendant une séance de divan assez... particulière.


Docteur Ski Zofrène : Bonjour, Pandora. Allongez-vous je vous en prie. Je préfèrerais cependant que vous laissiez votre fouet à l’entrée…

Pandora Delamare : Pardon docteur ! Je peux garder mes jambières ?

Dr S: Oui, si vous ne salissez pas le divan. Cela fait longtemps que vous vous promenez avec ce fouet ?

Pandora : Non... Comme pour beaucoup de grenouilles, cela remonte à mon arrivée dans la mare. Dans mon cas, c'était en avril 2009. Mais ce n’est pas moi qui ai commencé !

Dr S : Mhhh ?

Pandora : J’ai posté mon premier texte sur le forum. Vous savez, celui que mon père, ma mère, mes frères et mes sœurs (oh oh…) et tous mes amis considéraient comme un chef-d’œuvre. Sauf que les bêta-lecteurs de la mare n’ont pas été de cet avis…

Dr S : Alors, vous avez décidé de vous venger en les punissant tous ?

Pandora : Non, pas du tout ! C’était justifié. Une fois passée la déception et la digestion des commentaires, et ravalé ce qu’il me restait d’amour-propre, j’ai repris mon texte. Ils avaient raison !

Dr S : Et vous êtes devenue une adepte du fouet ?

Pandora : Pire, la bêta-lecture est devenue la petite faiblesse qui me perdra. Actuellement, je bêta-lis d’ailleurs plus que je n’écris. Mais ça n’a pas été facile…

Dr S : Vous aviez peur de fouetter ?

Pandora : Non, ça j’adore ! Mais j’avais peur de mal faire. Comprenez-moi, il y a tellement de choses auxquelles il faut penser quand on bêta-lit : la forme, tant sur le plan de l’orthographe et de la grammaire que des répétitions et des tournures de phrase. Le fond, en cherchant les incohérences ou les points à développer. Une bonne bêta doit montrer ce qui ne va pas, mais aussi mettre en évidence les points forts. Enfin, elle doit être critique tout en restant délicate. Une mission presque impossible !

Dr S : Comment s’est passée votre première fois ?

Pandora : J’ai oublié beaucoup de choses, forcément. Mes premières bêtas ne resteront pas dans les annales, mais j’espère qu’elles auront été un peu utiles aux auteurs.

Dr S : Et ensuite ?

Pandora : J’ai persévéré en confrontant mes retours à ceux de bêta-lecteurs plus aguerris pour apprendre à bêta-lire mieux. Je savais que d’autres remarqueraient ce que j’aurais pu ne pas voir ou ne pas savoir ; que d’autres moduleraient mes ressentis parce que les parcours et les sensibilités de chacun différent. L’un des atouts de CoCyclics est de proposer pour un même texte plusieurs regards subjectifs et complémentaires. La bêta-lecture est d’ailleurs très formatrice pour sa propre écriture…

Dr S : Continuez…

Pandora : Puis j’ai posé ma candidature et j’ai été acceptée dans le collectif des grenouilles bêta-lectrices de la mare. On m’a fourni le fouet officiel, vous savez, celui avec les lanières assorties au cuir marron des jambières. J’étais tellement fière, je n’arrêtais pas de me pavaner sur mon nénuphar…

Dr S : Et c’est à ce moment que vous êtes devenue une psychopathe du fouet ?

Pandora : Pas du tout ! J’essaie de commenter avec pertinence et à bon escient. Bêta-lire n’est pas un acte anodin, tout auteur est sensible à la critique et passe par des phases de découragement dans lesquelles des mots trop durs peuvent devenir toxiques. J’en sais quelque chose…

Dr S (dans sa barbe pour lui-même) : Des sadiques du fouet et des auteurs masochistes... Ce n’est pas une mare, c’est un asile de fous !

Pandora : J’ai alors pu bêta-lire dans le cadre des cycles CoCyclics où ce n’est plus une nouvelle mais un roman entier (ou une novella ) qui est travaillé. Un auteur soumet son manuscrit et, s’il est accepté par le collectif, deux binômes de grenouilles l'accompagnent tour à tour, en phases "alpha" puis "bêta", pour l'aider.

Dr S : Je ne vois pas ce qui change…

Pandora : C’est beaucoup plus long, la bêta-lecture se fait chapitre après chapitre durant plusieurs semaines : il faut ménager son poignet. Il ne s’agit pas de se faire une tendinite ! Ensuite c’est une collaboration qui permet beaucoup d’échanges avec l’auteur et la ou les grenouille(s) co-bêta-lectrice(s), pour préciser ou développer certains points. C’est l’un des aspects que je préfère. Enfin, ça permet de découvrir des histoires très sympathiques qu’on espère voir éditées ensuite.

Dr S (dans sa barbe): Et gagner le Goncourt, tant qu'on y est !! (plus fort) Comment vous définiriez-vous comme bêta-lectrice ?

Pandora : Je suis une bêta-chieuse, très pointilleuse. J’ai un côté rouleau-compresseur qui me fait souvent m’interroger pour ne pas être bloquante. Je suis moins diplomate que d’autres mais j’essaie de ne jamais dire plus que je ne saurais entendre. Je crois que j’apprécierais mes bêtas si je les recevais en tant auteur

Dr S (marmonne en griffonnant sur son carnet): Un dédoublement de la personnalité maintenant ! Une bêta-lecture, c’est donc aussi tenir compte de l’auteur ?

Pandora : Oui, ce n’est pas facile pour un auteur de s’engager dans un cycle CoCyclics en proposant son manuscrit : c’est une sorte de bébé dans lequel il s’est beaucoup investi.

Dr S (pour lui-même) : Il ferait mieux d’investir en bourse !

Pandora (fait mine de n’avoir rien entendu) : En se lançant dans un cycle, les auteurs savent qu’ils prennent le risque de se voir suggérer de retravailler considérablement leur roman. C’est donc une énorme marque de confiance de recevoir un manuscrit à bêta-lire. Une responsabilité aussi, avec l’engagement d’accompagner l’auteur pour l'aider à l'améliorer. En contrepartie, j’essaye de peser mes retours plus encore que pour les nouvelles, d’être à l’écoute et d’expliquer mes ressentis. Mon fouet claque moins fort, je vieillis peut-être…

Dr S : A moins qu’il n’y ait un cœur qui batte derrière votre armure de bêta-lectrice…

Pandora : Mon Dieu, vous croyez ? Je vous préviens, si ça sort de ce cabinet, je vous attaque pour violation du secret professionnel !

jeudi 14 octobre 2010

Tremplins de l'imaginaire : des ressorts aux pattes des grenouilles !

CoCyclics crée l'association :



Et c'est avec une larme d'émotion que nous laissons Roanne, permanente et membre fondatrice de CoCyclics, nous exposer les tenants et les aboutissants de cette entreprise :


Chers membres du forum, chers visiteurs,

Ainsi qu'annoncé dans les objectifs 2010 du collectif CoCyclics, la création de l'association loi 1901 Tremplins de l'imaginaire est effective (la signature des statuts est datée du 19 septembre, ils ont été déposés en préfecture le 04 octobre).

Cette association a pour objectifs :
- le soutien et l’aide aux auteurs de la littérature francophone SFFF (science-fiction, fantastique, fantasy) ;
- par extension, la promotion de cette littérature ;
- le soutien et l'aide au collectif CoCyclics.

Pour ce qui est du soutien au collectif CoCyclics, cela consistera à court terme, entre autres, à concrétiser plusieurs projets du collectif, notamment :
- financer le site web (histoire qu'on puisse bavarder sur le forum sans crainte de voir le serveur sauter...)
- financer les projets (le catalogue, les plaquettes distribuées aux éditeurs, les cartes de visite)
- offrir un cadre aux interventions du collectif pour avoir des stands, commander des places à tarif de groupe, etc.

L'association offre ainsi un cadre officiel aux coûts engendrés par ces nouveaux projets. Le collectif en lui-même reste sous licence creative commons.

Le projet CoCyclics (cycle des bêta-lectures, forum, etc.) sera préservé tel que vous le connaissez dans son fonctionnement (sélection de bêta-lecteurs et de manuscrits) et ses valeurs (échange, partage et bonne humeur). Le travail effectué ici appartient aux bêta-lecteurs et aux auteurs, et ce n'est pas prêt de changer.

Les conditions d'entrée au Conseil d'Administration de l'association Tremplins de l'imaginaire sont indiquées dans les statuts.

Les membres fondateurs sont Syven, Roanne, Garulfo, Blackwatch et Chapardeuse.Vous pouvez désormais appeler Syven Madame la Présidente et donner du Mademoiselle à Roanne, qui est Secrétaire et Trésorière.

Cette création d'association marque un tournant fort pour CoCyclics : nous passons d'un projet de "particulier" à un projet "associatif".
Pourquoi ?
Parce qu'il était devenu impératif, d'un point de vue administratif, de clarifier notre existence.
Parce qu'il était temps, aussi, de donner des moyens à ceux et celles qui ont envie de faire plus, de s'investir dans des projets tels le Grimoire Galactique des Grenouilles (GGG) ou notre convention, ou encore aux administrateurs qui rêvent d'un meilleur hébergement pour faciliter la gestion de ce forum et du site.

Bien entendu, l'adhésion n'est donc pas obligatoire pour devenir bêta-lecteur CoCyclics ou continuer de l'être, ni pour poursuivre ses activités sur le forum ou s'y inscrire.
Corollaire : toute personne souhaitant nous soutenir peut adhérer, qu'elle soit inscrite ou non au forum.

La cotisation se paye par année civile (du 1er janvier au 31 décembre).
Pour 2011, son montant est de 15 euros.
Les cotisations seront ouvertes prochainement, avant la fin 2010, et couvriront cette fin d'année + l'année 2011.
Cet appel à cotisation anticipé a pour but de lancer l'association et de la mettre sur les rails : les premières cotisations permettront l'éclosion des projets en finalisation, comme le Grimoire Galactique des Grenouilles (catalogue à destination des jeunes auteurs, recensant les éditeurs SFFF) ou la convention.

Note : les adhésions seront possibles dès que le bulletin sera finalisé et le compte en banque ouvert. Nous vous tenons au courant.



Pour plus d'informations, rendez-vous sur le forum de CoCyclics, dans le sujet dédié à la toute nouvelle association Tremplins de l'imaginaire qui, nous l'espérons, nous permettra d'aider et de soutenir toujours plus d'auteurs et de voix littéraires de l'imaginaire francophone !

mardi 12 octobre 2010

En coulisse avec les grenouilles : l'anthologie Légendes! (3/3)


Troisième partie : Nicolas Chapperon, novelliste.

Nicolas Chapperon apparaît au sommaire de l’anthologie Légendes! Sa nouvelle, intitulée « Le soldat à la cuillère », a été bêta-lue sur la Mare, comme tant d’autres textes courts. Nous profitons donc de l’occasion pour interroger la grenouille auteur sur son écriture, l’anthologie et la bêta-lecture.

Q - As-tu fait corriger ta nouvelle dans le Port incertain (Note : le Port est l'espace dédié au travail des nouvelles sur le forum) de CoCyclics ?

R - Oui. C’est un passage obligé pour moi. J’ai besoin de ce regard extérieur sur mes textes pour savoir si l’effet que je recherchais est atteint. Et je n’ai pas trouvé meilleur endroit que CoCyclics pour ça. On y reçoit des avis pertinents et argumentés, rien de mieux pour progresser.

Q - Qu'as pu t'apporter la bêta-lecture de la Mare sur ce texte ?

R - Là, j’ai un peu de mal à m’en souvenir parce que ça date d’il y a deux ans. Je me rappelle avoir hésité sur le point de vue. J’avais essayé d’introduire un personnage à qui l’histoire était racontée mais, en fin de compte, il alourdissait l’histoire pour rien. C’est typiquement le genre de détail difficile à évaluer par soi-même mais qui saute aux yeux des bêta-lecteurs aguerris.

Q - Après avoir reçu ta réponse, comment s'est déroulé le processus éditorial ? Montre un peu aux jeunes grenouilles ce qu'il se passe une fois passée l'étape de l'acceptation.

R - Au moment de la réponse positive, le travail n’est pas terminé, loin de là. L’éditeur apporte son regard sur le texte et suggère des améliorations. C’est un peu comme une bêta-lecture supplémentaire.

Par contre, il vaut mieux éviter de se réjouir trop vite à ce moment là. Outre le travail restant, il faut savoir que, parfois, des projets pour lesquels on a été sélectionné capotent parce que la maison d’édition met la clef sous la porte ou pour d’autres raisons. Je parle en connaissance de cause !

Q - Tu as déjà de nombreuses publications de nouvelles à ton actif, est-ce qu'il y a de grosses différences de travail d'une anthologie à l'autre ?

R - Non, pas vraiment. Le travail éditorial fonctionne toujours sur le même principe. Du moins, c’est ce que j’ai ressenti par mon expérience pas si grosse que ça.

Q - Ecris-tu spécialement pour répondre à des appels à textes (AT) ou ceux-ci sont-ils prétextes à envoyer des nouvelles déjà rédigées ?

R - Les deux mon capitaine ! J’écris parfois spécifiquement pour un AT et, à d’autres moments, non. Le fait de me « forcer » un peu sur certains AT m’a permis d’écrire des textes que je n’aurais jamais écrits sans cette contrainte. Pour celui-ci, il s’agissait d’un texte très ancien (et très mauvais) et l’AT a été l’occasion de le reprendre. Je n’ai gardé que l’idée de base et j’ai tout réécrit.

Q - Comment gères-tu l'attente des réponses ? (et parfois des délais de publication qui s'étirent ?)

R - Une fois mon texte envoyé, je l’oublie et je travaille sur autre chose. Les délais de réponse sont parfois tellement longs que c’est la seule méthode pour tenir. C’est un constat, je ne jette la pierre à personne. Les fanzines, les webzines et les petites maisons d’édition sont souvent tenus par des bénévoles qui ont une vie en dehors et qui font ce qu’ils peuvent pour faire vivre leurs publications.

Q - La joie d'un premier texte accepté est quelque chose d'unique, est-ce qu'on s'habitue, à force ? Comment gères-tu les refus (si tu en as encore !)

R - En fait, mon premier texte accepté correspond aussi à ma première réponse à un AT. Du coup, je n’ai pas vraiment réalisé la chance que j’avais. Par contre, le deuxième succès est venu après une longue série de refus alors là, oui, ça a été quelque chose de spécial. Quant aux autres acceptations, non, on ne s’habitue pas ; c’est toujours un moment magique.

Les refus ? Bien sûr que ça m’arrive encore. Trop souvent, même. Mais je n’en fais pas une maladie. Je ne suis qu’un auteur débutant qui doit encore apprendre alors chaque refus est l’occasion d’une remise en question nécessaire pour progresser.

Q - Tu aimes visiblement le format de la nouvelle, as-tu pensé écrire un roman ?

R - J’ai réussi à en terminer un, il y a quelques années, un truc que je n’ose plus montrer. Depuis, j’essaye régulièrement mais j’ai du mal à dépasser le chapitre deux ou trois. Je finis toujours par trouver que c’est bancal, que mon idée n’est pas bonne. Mais un jour, j’y arriverai !

Merci à Nicolas Chapperon pour avoir bien voulu répondre à nos questions et nous lui souhaitons de nombreuses autres publications !

dimanche 10 octobre 2010

En coulisse avec des grenouilles : l'anthologie Légendes! (2/3)


Deuxième partie : Jacques Fuentealba, anthologiste (suite et fin)


Suite de notre entretien avec Jacques Fuentealba sur Légendes!



Q - Est-ce une nouvelle étape dans ta démarche de promotion des autres imaginaires européens, et notamment hispaniques ?

R - Parlons très franchement… Ma démarche de promotion concerne principalement les textes hispaniques, qu’ils soient latinoaméricains ou espagnols, les micronouvelles francophones ou hispanophones (je souhaiterai m’attaquer au domaine anglophone de la flash fiction bientôt) et… mes propres textes ! (rires)

Deux raisons simples à cela, je me suis spécialisé (c’est un bien grand mot !) dans les littératures de l’imaginaire hispanique parce que je connais la langue, ai eu l’occasion de traduire des nouvelles d’un certain nombre d’auteurs et d’établir un petit réseau. Cela ne m’est pas possible dans les autres pays européen, du fait de la barrière linguistique et/ou tout simplement du temps. L’autre raison, c’est que je considère qu’il y a une profonde « injustice » (j’y mets les guillemets, tout de même) dans cette non-reconnaissance des auteurs hispaniques de l’imaginaire en France, au vu de la qualité de certaines œuvres et du public qu’ils sont censés pouvoir toucher. On ne parle pas là de quelques millions d’Italiens, de Danois ou de Grecs, mais de centaines de millions de lecteurs potentiels. Un continent presque entier ! Je parle bien de « lecteurs potentiels », tant il est vrai que l’imaginaire se vend moins en général dans les pays de langue hispanique que par chez nous, avec là aussi une prédominance sur le marché de traductions anglosaxonnes.


Q - Comment s'est déroulée la sélection ?

R- Ce n’est pas commun, mais en deux temps.

On a fait un appel à textes, monté un comité de lecture et j’ai transmis l’appel à mes contacts hispaniques : les auteurs que j’avais pu traduire dans Lunatique et ceux que j’avais repris dans Trafiquants de cauchemars. Au final, peu de retours de nouvelles en espagnol, et relativement peu de textes francophones correspondant à ce que je cherchais, sur la cinquantaine de récits reçus.

Après avoir lu tous les textes, nous avons effectué une première sélection, Céline Brenne, Jody Hartmann et moi. Benoît Giuseppin et Maxime Le Dain en ont lu également quelques-uns, ainsi que l’éditeur de Kymera/Outworld (Éric Bufkens). Les textes hispaniques n’étaient lus que par Céline et moi, faute d’autres lecteurs dans cette langue. Pour faire notre choix, nous sommes partis sur un tableau Excel avec trois gros critères de sélection, chacun noté sur 5 : Style et ambiance - capacité du récit à transmettre des émotions ; Cohérence et profondeur des personnages/Cohérence de l'univers ; Originalité (de l'univers, des personnages, du traitement du thème) et/ou Intérêt du récit pour le lecteur. Chacun de ces critères avait un commentaire rapide argumenté et on faisait également un commentaire général de conclusion. Le tout permettait de détacher les textes qui faisaient l’unanimité.

Un mot en passant sur l’autre grenouille embarquée dans cette aventure, Nicolas Chapperon. Sa nouvelle était de celles qui emportèrent l’adhésion de tous les lecteurs. Je dois avouer que je fus tout de suite emballé par « Le soldat à la cuillère » parce que j’y retrouvais des échos de Lord Dunsany et de ses dieux absurdes ou grotesques… et c’était aussi un des ingrédients que je recherchais dans mon anthologie. Son nom ne m’était de plus pas inconnu, puisqu’il nous avait déjà soumis pour le Borderline 10 (j’étais alors le rédac’chef de ce numéro spécial « hispanique ») deux nouvelles et que nous avions retenu « Aubes », une formidable réécriture hilarante des mythes aztèques.

Hormis ces trois textes, je n’ai pas eu l’occasion de lire d’autres de ses nouvelles, mais je pense que Nicolas Chapperon a une réelle capacité à travailler la matière mythologique et épique pour obtenir de petits joyaux…

On en arriva alors à former un début de sommaire et, en tant qu’anthologiste, il me revint de trancher sur le choix final. Ce n’est qu’alors, une fois les mails de refus et d’acceptation des textes envoyés que je me rendis compte que l’on était à court de nouvelles pour former une anthologie conséquente. La solution s’imposa alors d’elle-même. Faire preuve de plus d’ambition encore et contacter des écrivains de langue anglaise, si possible chevronnés. Le mot « légendes » prendrait plus de sens encore, si j’arrivais à en démarcher certains.

Après une nuit blanche passée à contacter des auteurs directement ou à travers Ellen Datlow, qui eut la gentillesse de me proposer tout de suite de transmettre à son carnet d’adresses conséquent mon appel à texte en anglais, le projet prenait une nouvelle ampleur.

Deuxième temps, donc, pour la sélection : Céline Brenne, Jody et, dans une moindre mesure Éric et Maxime, furent à nouveau mis à contribution pour les lectures de ces nouvelles – une soixantaine !

Les choix s’avérèrent particulièrement durs ! Il y avait beaucoup de nouvelles excellentes… Et on se retrouvait, la mort dans l’âme, à devoir les écarter. J’avais toujours cette idée d’une anthologie alliant les différents genres de l’imaginaire, et la portion de textes fantastiques était trop importante. Je me retrouvais ainsi à écarter « Nine Sundays in a row » de Kris Dikeman… que je proposais ensuite à Black Mamba (traduction de Céline Brenne), « Stray » de Benjamin Rosenbaum et David Ackert ou encore l’excellent « Until Sunrise » de Bill Congreve. Je fis d’ailleurs suivre un certain nombre de textes à Thomas Bauduret de Malpertuis, pour sa sélection annuelle de nouvelles et mon petit doigt me dit qu’il en a retenu au moins une. Certaines nouvelles traitaient aussi de thèmes trop proches et je dus me résoudre à ne prendre qu’une nouvelle vampirique. La lutte fut sanglante, sans jeu de mots ! Finalement, je biaisai et revins sur ma décision, n’arrivant pas à me résoudre à écarter la nouvelle de Melanie et Steve Rasnic Tem et celle de Brian Hodge, qui comptait chacune des enfants de la nuit parmi ses personnages. Après tout « Matin de peu » était centré sur le personnage de Van Helsing, tandis que « Le dernier testament » parlait de… eh bien vous le saurez en le lisant ! Il serait vraiment dommage de spoiler.


Q - Quel accueil reçois-tu, du public ou du "milieu", sur ta communication sur les auteurs hispaniques ? Est-il satisfaisant, enthousiasmant ou frustrant ?

R - C’est variable : un peu des trois en fait, selon l’interlocuteur. Une certaine partie du milieu semble apprécier que des traducteurs ou des acteurs de l’imaginaire français se penche sur autre chose que le domaine francophone ou anglosaxon. Je me souviens de l’enthousiasme très communicatif d’Hélène Ramdani, par exemple, au moment de me parler de Dimension Russie, sorti chez Rivière Blanche. À l’inverse, j’ai longtemps et souvent eu droit à des fins de non-recevoir de la part d’un certain nombre d’éditeurs, déguisé en des « envoie-nous des fiches de lecture, qu’on voit de quoi ça parle ». J’ai ainsi pu envoyer une dizaine de fiches de lecture différentes sur des romans d’auteurs espagnols ou d’Amérique latine, sans jamais avoir de réponses par la suite, malgré des relances. Les éditions du Riez, en revanche, s’étaient montrées très intéressées par certaines de ces fiches. Mais publier des auteurs étrangers n’est pas de tout repos pour une petite structure. Dès qu’il s’agit de traduire un roman, les frais du livre augmentent de façon importante, pour peu que vous deviez payer un traducteur. J’ai donc pris mon mal en patience et, en plus d’essayer de démarcher des éditeurs avec des livres hispaniques, j’ai commencé à traduire de la nouvelle de l’espagnol vers le français. Les directeurs de revue sont quelquefois enclins à placer des textes d’auteurs hispaniques, c’est le cas de Galaxies, de Black Mamba (même si nous n’avons au final publié que peu de traductions dans la revue), de Fiction, de Lunatique et de Borderline… Cette dernière m’a servi de « laboratoire » pour publier des auteurs à l’époque pour ainsi dire inconnus en France (Eximeno, Álamo et dans une moindre mesure Sergio Gaut vel Hartman), et planifier ce qui aurait dû être une sorte de hors-série de nouvelles hispaniques, Trafiquants de cauchemars, dont je parlais plus haut.

J’ai été très touché au moment de sortir cette anthologie, de voir que la plupart des auteurs et proches du fanzine Borderline me l’avaient commandée, comme un acte allant de soi, et avec un réel intérêt pour ces littératures.

Les gens croisés sur les salons ont l’air enthousiasmés par l’idée de pouvoir lire des textes hispaniques, et j’ai l’impression que l’auteur que je suis le plus ces dernières années, Santiago Eximeno, commence à éveiller quelques échos dans le fandom français. Mon affection pour cette sphère linguistique a aussi été à l’origine d’une belle rencontre dans le milieu. C’est en effet un goût que je partage avec l’inénarrable M’ame Sylvie Miller, et chaque fois que nous nous croisons, c’est l’occasion de sympathiques discussions sur le sujet, émaillées de beaucoup d’éclats de rire.

Évidemment, les auteurs hispaniques eux-mêmes sont le plus souvent ravis qu’on essaie de faire connaître leur travail en langue française. La production en Espagne et en Amérique latine, ainsi que le marché sont moins importants qu’ici. Pourtant, les auteurs et éditeurs du genre sont très actifs. Je vais radoter en rapportant un souvenir vivace que je raconte à droite à gauche, dès que j’en ai l’occasion, mais j’ai été particulièrement impressionné par le dynamisme des auteurs de l’association Nocte, qui regroupe les écrivains de terreur espagnols. Ils faisaient une réunion de présentation lors de la convention de SF de Huesca, l’Hispacon 2009, et la plupart ne devaient pas avoir plus de 35 ans, mais ils semblaient très décidés à avancer ensemble et à promouvoir le genre.


Merci Jacques pour ces réponses détaillées et enthousiastes, et à très bientôt, sans doute, pour des nouvelles de ton actualité littéraire personnelle !

Et nous vous donnons rendez-vous dans deux jours, avec Nicolas Chapperon dans le rôle de l’interviewé !

vendredi 8 octobre 2010

En coulisse avec des grenouilles : l'anthologie Légendes! (1/3)


Première partie : Jacques Fuentealba, anthologiste (début)


Si nous parlons ici souvent de roman, il ne faut pas oublier qu’une énorme partie du travail du forum se fait sur les nouvelles. En attendant de rencontrer quelques auteurs qui ont fait leurs palmes sur le forum dédié aux textes courts, nous rencontrons aujourd’hui deux grenouilles à l’occasion de la sortie de l’anthologie Légendes! : tout d’abord, Jacques Fuentealba, auteur CoCyclics mais que nous découvrons ici dans le rôle de l’anthologiste. Ecoutons ce qu’il a à nous dire, avant de laisser la parole à un des auteurs de l’anthologie, dans quelques jours !



Q - Tout d'abord, présente-nous un peu Légendes! et l'association qui se trouve à l'origine du projet.

R - Légendes ! est une anthologie de 21 nouvelles des genres SFFF avec… 22 auteurs au sommaire, puisque la nouvelle « Matin de peu » (Empty morning) a été écrite à quatre mains, par Steve Rasnic Tem et sa femme Melanie. C’est un beau bébé qui fait presque trois cents pages (292, pour être précis) pour la somme modique de 12 euros. Trois sphères linguistiques sont à l’honneur : hispanique, francophone et anglosaxonne, et l’on retrouve des textes de science-fiction, de fantastique et de fantasy. L’idée était de proposer une anthologie sur ce thème, qui ne soit pas uniquement orientée fantasy, mais qui fasse également la part belle aux légendes urbaines, aux personnages historiques ou mythiques et à une certaine idée que je me faisais d’une certaine SF épique. J’avais en tête pour cette SF les sagas de space opera de Mike Resnick telles que Santiago ou Le faiseur de veuves… et j’ai été particulièrement content de retrouver en bouche la saveur que m’avaient laissée ces textes, en lisant par exemple « L’histoire de l’aigle royal » de David D. Levine.

Au niveau des hispaniques, on retrouve trois Espagnols (Santiago Eximeno, Luis Astolfi et Alfredo Álamo) et un Uruguayen (Pablo Dobrinin). Pour les anglosaxons : Melanie et Steve Rasnic Tem, Garry Kilworth, Kristin Kathryn Rusch, Nina Kiriki Hoffman, Lewis Shiner, Brian Hodge, Jack McDevitt, Mary Robinette Kowal et David D. Levine.

Et last but not least, pour les auteurs bien de chez nous : Nicole Cavazza, Nicolas Chapperon, Olivier Pietroy, Gabriel Féraud, Timothée Rey, Yohan Vasse, Franck Ferric et Jean Baret.

L’association Céléphaïs est l’éditeur des revues Black Mamba et de son petit frère Héros. Céléphaïs est basé dans le sud, à Montpellier, et est à l’origine un collectif d’illustrateurs et de graphistes. L’idée au cœur de la revue était dès le départ de mélanger BD, aventures polar et genres de l’imaginaire en un seul support, avec des nouvelles, des BD courtes et des chroniques et articles de fond. On arrive bientôt au numéro 20… avec au compteur des auteurs comme Yves-Daniel Crouzet, Sire Cédric, Karim Berrouka, Sergueï Dounovetz et un certain nombre de dessinateurs qui ont eu l’occasion de faire leurs premières armes dans la revue, avant de s’envoler vers des cieux éditoriaux prestigieux tels que Delcourt ou Soleil. Nous avons également fait quelques excursions dans le domaine anglophone (Neil Gaiman, Paul S. Kemp…) et hispanique (Andrés Díaz Sanchez), et comptons continuer sur cette voie.


Q - Tu as déjà participé en tant qu'auteur à de nombreuses anthologies. Est-ce la première que tu diriges ?

R- En fait… non ! En 2007, j’ai déjà sorti une anthologie, Trafiquants de cauchemars, avec l’aide de l’association Catharsis, qui publie le fanzine de fantastique/horreur Borderline. Le projet en soi était plus simple que Légendes !, moins ambitieux également, même si j’avais placé la barre assez haute, en termes d’exigences sur le rendu graphique (chaque nouvelle avait son illustration) et une maquette travaillée (et pour cela je ne remercierai jamais assez Yohan Vasse pour le temps passé dessus et le résultat). La direction au niveau des auteurs était beaucoup plus simple également, car quasiment inexistante ! Je m’explique : au départ, la conception de Trafiquants de cauchemars répondait à une envie et un double constat. L’envie de promouvoir des auteurs hispaniques de la SFFF mais sous l’angle cher à Borderline, à savoir des nouvelles sombres, dérangeantes, des textes coups de poing.

J’avais en ma possession les Fabricantes de sueños 2004 et 2005 qui sont des anthologies de l’Association Espagnole de Science-Fiction, Fantasy et Terreur regroupant les meilleurs textes parus en revues ou webzines. Il y avait de vraies perles, des nouvelles tout bonnement hallucinantes ! C’était cela le premier constat : la production hispanique pouvait être d’un très, très bon niveau. Le deuxième constat fut celui qu’aucune anthologie proposant uniquement des textes sombres hispaniques n’avait été constituée en France. Je choisis donc de contacter un certain nombre de ces auteurs et de leur proposer une publication dans Trafiquants de cauchemars de leurs nouvelles, dont j’ai assuré la traduction. Céline Brenne a fait derrière la correction et j’ai pu convaincre certains graphistes de me céder une illustration déjà réalisée pouvant accompagner tel ou tel texte (c’est le cas du quatrième de couverture de Cyril Rolando pour la nouvelle « La vengeance des enfants » de Pablo Dobrinin) ou d’en faire une (ainsi Paul Echegoyen pour la couverture, qui illustre la nouvelle d’Alfredo Álamo ou Thomas Balard, pour « Depuis la cage » de Fabio Ferreras).

Deux nouvelles n’appartenaient en fait pas aux sélections de Fabricantes de sueños. Celle de Pablo Dobrinin, qu’il m’avait envoyée par chance au bon moment, alors que je constituais l’anthologie. Je précise que je n’avais pas fait d’appel à texte… Je la trouvais excellente, et comme elle était courte, elle me parut pouvoir s’ajouter tout à fait à l’ouvrage. L’autre nouvelle était celle de Luis Astolfi. Fabricantes de sueños avait repris « Soló el inocente » et l’histoire m’avait énormément plu. Malheureusement, la nouvelle était trop longue à mon goût. Je lui demandai alors d’autres textes et publiai à la place « L’âme à l’intérieur », qui traitait du même thème.

Pour la petite histoire, la nouvelle d’Astolfi « Soló el inocente » a été la dernière à intégrer Légendes !, avec celle de Steve Rasnic et Melanie Tem. Je ne pouvais pas ne pas publier ce très beau texte, que j’avais déjà écarté une fois par manque de place !

On trouvait déjà dans Trafiquants de cauchemars les quatre auteurs hispaniques qui figurent au sommaire de Légendes !, en plus de Fabio Ferreras, Joquín Revuelta, Victor Manuel Ánchel et Vicente Muñoz Puelles.


Q - Comment en es-tu venu à t'occuper de cette anthologie ?

R - Lors d’un festival passé (Nogent sur Oise, de mémoire), on avait parlé avec l’éditeur de Kymera/Outworld de monter une anthologie. Plusieurs thèmes avaient été évoqués, dont celui de Légendes ! Yohan Vasse était dans le coin et s’est trouvé mêlé à la conversation. Je me rappelle alors lui avoir dit : « Si ta nouvelle n’est pas prise [je l’avais bêtalue et elle était en soumission chez un autre éditeur], je la prends direct ! »

Nous avions finalement arrêté notre choix sur le thème des légendes, pour une première anthologie.

Quand l’éditeur ne s’est plus vu en mesure de publier l’anthologie, je lui ai indiqué que je comptais la sortir, d’une façon ou d’une autre, et j’ai alors pensé à démarcher d’autres éditeurs. N’étant pas d’un naturel patient, et les sélections étant déjà faites depuis plus d’un an, je me suis dit que ça n’était finalement pas une bonne idée. Le premier éditeur approché était potentiellement intéressé, mais il fallait que je vois avec sa collègue de collection… Et je me suis rendu compte que ça pourrait prendre du temps, que j’aurais à défendre mon choix de textes, mes auteurs et tout un tas d’autres paramètres sûrement, sur lesquels je n’aurais finalement pas la mainmise.

J’optais alors pour proposer le projet à Céléphaïs, qui de son côté voulait élargir sa production éditoriale. Laurent Girardon a été assez rapidement réceptif au projet et on a pu travailler ensemble pour finaliser Légendes !


Rendez-vous dans deux jours pour la suite de l’entretien !