mercredi 29 août 2012

Un nouveau partenariat avec Gulf Stream

En cette fin d'été, une excellente nouvelle vient de tomber dans la mare et l'équipe de Tintamare est fière de la relayer. C'est officiel, les grenouilles ont un nouveau partenaire : il s'agit de Gulf Stream.


"Gulf Stream Editeur est un éditeur de livres pour la jeunesse, qui privilégie un lectorat âgé de 8 à 15 ans. Spécialisé dans le documentaire en tout genre, GSE développe depuis un an la fiction à coloration fantastique pour les pré-ados et les ados. Qu'il s'agisse de textes d'auteurs reconnus ou de premiers romans, GSE est attentif tant à la qualité d'écriture qu'à l'originalité de l'intrigue, dans un calibrage n'excédant pas 450000 signes espaces comprises."

Merci beaucoup à Paola Grieco et à l'équipe de Gulf Stream pour cette confiance !

dimanche 26 août 2012

La bêta-lecture têtard, qu’est-ce que c’est ?


Avant de pouvoir accéder au cycle, un roman passe par un vote. Chaque membre du collectif reçoit un extrait et se penche sur un dossier constitué du synopsis et d'une "lettre d'accompagnement". Le collectif s’exprime dans un sous-forum caché à l’auteur et donne son avis. Que se passe-t-il si ce vote aboutit à un refus ? Le manuscrit a la possibilité de passer par une bêta-lecture têtard. L’équipe Tintamar(r)e a rencontré deux grenouilles qui en ont bénéficié : Ayaquina et Isaiah. Ces derniers ont répondu tout en sirotant un verre de nénuphou et en grignotant des mouches grillées.

Eh bien, commençons l’entretien par une petite définition : qu’est-ce que la bêta-lecture têtard ?
Isaiah prend la parole en premier et explique : « Si les bêta-lecteurs estiment que le travail effectué en phase I/II serait trop lourd, on préfère proposer à l’auteur une bêta-têtard, soit une bêta-lecture qui n’entre pas dans le cadre du cycle. Pour ma part, j’ai soumis une novella, et elle a plus que triplé de volume pour devenir un roman. Après cela, re-candidater pour un cycle s’impose donc, tout naturellement. En somme, la bêta têtard est une phase 0,5 ! »

Ayaquina ajoute : « À mon sens, une bêta têtard est avant tout une réponse au fait que votre roman n’était pas mûr pour un cycle. Elle apparait donc comme une chance, celle de faire mûrir votre manuscrit pour qu’il accède enfin à un cycle normal. Il évite une porte fermée, insupportable à quiconque a envie d’évoluer et de réussir à se surpasser.
Elle est aussi un premier contact avec son roman d’un point de vue critique, car la difficulté première pour un auteur est de se confronter à la réalité de son manuscrit, ses défauts, ses lacunes, ses incohérences, mais heureusement aussi, de comprendre ses forces. C’est un moment où on accepte de livrer ce qu’on a de plus fragile et on décide de faire confiance à une personne extérieure, avec le risque que comporte cette exposition. Ce moment difficile a quelque chose d’initiatique et de nécessaire si on veut un jour accéder à l’édition, car cette confrontation se posera à l’auteur à un moment ou un autre. »

Quelle est la différence avec un cycle normal ?
Isaiah répond : « Tout, ma bonne dame, tout ! Un cycle normal est plus cadré. D’abord le fond, la cohérence, ensuite la forme. Dans le cadre d'un cycle têtard, tout se mène de front, mais c’est aussi plus doux, en un sens, car ce mini-cycle (qui ne donne pas droit à l’estampille, hein) se fait à la carte. L’auteur définit ses besoins et les bêta-lecteurs tentent d’abonder en son sens. Pour ma part, j’ai pris longtemps pour avancer, parce que je savais que le travail était important et que je voulais prendre des décisions correctes, pas hâtives. Mes bêtas m’ont donné l’impulsion du début et quelques retours en cours de travail, mais sinon, c’était assez solitaire, plus que pour un cycle normal. »

Ayaquina renchérit : « La principale différence avec le cycle normal à mon sens, c’est qu’on a la chance de pouvoir repenser son roman avec plus de liberté, aller plus au fond des choses, tout en ayant un garde fou (les bêta-lecteurs). Si un auteur a envie de bouleverser son ouvrage, son style, etc, c’est le moment ou jamais ! S’il se trompe, il aura quelqu’un pour le conseiller. S’il est sur le bon chemin, il trouvera des encouragements qui lui éviteront de douter mille fois du bien fondé de cette démarche.
Contrairement à la têtard, je vois le cycle plus comme le perfectionnement d’un édifice qui tient déjà debout mais a besoin de s’embellir, (même si l’auteur pourra tout de même y interroger le fond). On n’y interrogera pas les fondations de la même façon que pendant une têtard, ou alors, cela voudra dire que le roman a été accepté en cycle à tort.
Ce qui les rapproche, toutefois, c’est que dans l’un comme dans l’autre, les bêta-lecteurs fonctionneront comme des alter-égos, et seront en cela un moteur essentiel pour l’auteur. Donc, dans l’un comme dans l’autre, je dirais qu’on socialise notre bébé en quelque sorte, on l’ouvre au monde ;) »

Et après, que se passe-t-il ?
Ayaquina répond : « Je pense que la bêta têtard devrait avoir deux issues : soit à basculer dans un cycle normal après avoir compris ce qui pouvait être travaillé, ainsi que d’avoir défini nos objectifs pour ce roman. Soit à comprendre les limites du manuscrit pris en bêta têtard et en faire le deuil, si on réalise qu’on ne pourra jamais aboutir à quelque chose qui se rapproche de notre objectif. (Soit parce que l’intrigue est trop alambiquée, pas assez originale, soit parce que le résultat final est trop loin de ce qu’on voulait exprimer, etc.)
Dans ce cas, toutefois, si la réflexion a atteint son but, alors l’auteur devrait être en mesure de se projeter dans un futur roman sans reproduire les mêmes erreurs. »

Isaiah seconde : « Le cycle têtard permet d'avoir un regard plus éclairé sur son projet, mais aussi sur soi en tant qu'auteur : on découvre ses faiblesses, ses tics d'écriture, pourquoi le projet en l'état était bancal, mais aussi pourquoi il pouvait séduire. C'est une aide formidable pour l'auteur car elle permet de mesurer les progrès faits pas à pas. Tant pour Ayaquina que pour moi, les manuscrits n'avaient plus rien de semblable entre le début et la fin ! Ayaquina est rentrée en cycle sans problème. Cela forge l'auteur car un non d'éditeur, il en aura sûrement au cours de sa carrière. C'est une incitation à la persévérance ! »
Et maintenant, une question plus personnelle : que vous a apporté la phase tétard ?
Ayaquina raconte : « La têtard a été pour moi une façon d’apprendre à composer avec mes peurs, mes fantasmes d’écrivain pour devenir moins vulnérable au regard extérieur, ainsi qu’à travailler mes faiblesses (techniques ou imaginaires). Quelque part, je pense que ça m’a aidé à passer du fantasme à la réalité : ne plus être au gré de la confiance que je ressentais en moi selon les jours le meilleur (ou le pire) écrivain du monde, et avoir écrit le best seller de l’année (ou un ramassis de futilités) mais plutôt travailler pour atteindre des objectifs concrets. J’ai été également surprise de découvrir que j’étais souvent un juge plus sévère de mes écrits que ne l’étaient les bêtas lecteurs et que ce travail d’autocensure m’empêchait souvent d’avancer.
Mais pour répondre plus succinctement (comment ça c’est raté ? ;) ) je résumerai en disant que la têtard, c’est la première porte qui s’ouvre à un auteur car à CoCyclics, ce qu’on n’aime pas, c’est de verrouiller les rêves qui ne demandent qu’à s’envoler. »

Isaiah continue : « Pour ma part, cela m’a permis de mener la démarche de mon roman jusqu’au bout. Lorsque la novella a été finie, j’étais content et j’avais encore trop le nez dans le guidon pour me rendre compte que le projet n’était pas abouti. Là, je ressors avec la certitude d’avoir accompli quelque chose. Le roman a acquis son potentiel de croisière, je le sais mûr. »


Et les bêta-lecteurs ? Qu’en pensent-t-ils ? L’équipe de Tintamar(r)e a été à la rencontre de l’un d’eux : L’Homme au Chapeau qui a travaillé avec Ermina sur son roman Timraza.

Pourquoi t’es-tu proposé ?
Malgré ses faiblesses, j'avais bien aimé le thème et l'ambiance du texte. Il me semblait dommage que les efforts de l'auteur soient perdus (le cycle est quand même un formidable outil d'amélioration). J'ai donc voulu contribuer à améliorer le texte pour qu'il puisse passer en cycle.

L’as-tu abordé différemment d’un phase de cycle ?
C'était la première fois que je travaillais sur un roman. Je n'avais donc pas de point de comparaison à ce moment. Par la suite j'ai participé à une phase 1 de cycle. Le travail n'est pas si différent. La tétard est une sorte de pré-phase 1 qui permet de bien débroussailler toute les erreurs et incohérences qui nuisent au récit, ainsi que d'obtenir un contexte et des personnages qui tiennent la route.
Il faut bien sûr que l'auteur soit disposé à donner un bon coup de collier pour retravailler son texte.

Pour terminer, on peut donc encourager tous les auteurs actuellement en cycle tétard !


Ermina et l'équipe Tintamar(r)e