lundi 21 octobre 2013

Le NaNoWrimo décortiqué

Lors du NaNoWrimo 2008, Cindy Van Wilder a commencé le premier tome des "Outrepasseurs", trilogie à paraître chez Gulf Stream Editeur en 2014. Depuis lors, elle porte une tendresse toute particulière à ce challenge d'écriture un peu dingue qui revient chaque mois de novembre avec une régularité de coucou suisse. Elle vous parle en détail de ce drôle d'oiseau dans l'article ci-dessous.

Novembre ne rime pas seulement avec Halloween ou l’automne, il indique également le retour d’une initiative chère aux coeurs des auteurs de tout pays : le NaNoWriMo. Vous ne connaissez pas ? Aucun souci ! Voici une petite présentation de ce projet.

Le NaNoWriMo ou National Novel Writing Month (ce qui donne en français : « le mois national d’écriture de romans ») a été créé en juillet 1999 aux USA par Chris Baty et vingt autres écrivains. À l’origine simple défi entre amis, l’initiative a pris une ampleur considérable, réunissant chaque année des milliers de participants à travers le monde (en 2011, plus de 200 000 personnes ont participé).

En quoi cela consiste-t-il ? Le principe est simple : écrire en un mois 50 000 mots. Que vous vous lanciez dans un roman, que vous continuiez un projet ou que vous bossiez sur de la non-fiction – certains profitent même du NaNo pour avancer dans leur thèse – l’important, c’est le nombre de mots que vous pouvez écrire du 1er au 30 novembre. Et si vous n’arrivez pas à franchir la barre des 50 000 mots, ne vous en faites pas !

Pourquoi le faire ? Il existe autant de raisons que de participants. Parce qu’il est amusant d’écrire en sachant qu’au même moment, beaucoup d’autres écrivains sont penchés sur leur clavier. Parce que c’est le moment ou jamais de laisser libre cours à votre imagination (et d'avoir une bonne excuse pour ce faire!). Ou encore parce que vous avez envie de soutenir les copains. Bref, quel que soit votre motif, vous êtes en tout cas le bienvenu !

Comment participer ? Outre le fait de se poser devant son ordinateur le 1er dès minuit et de commencer à écrire, vous pouvez également vous inscrire sur le forum du NaNoWriMo.

Pas de panique si vous ne comprenez rien à l’anglais ! Le groupe des French Wrimos est là pour vous accueillir et vous guider. Rendez-vous sur leur site : http://wrimos.fr/ Vous y trouverez des réponses aux questions les plus fréquemment posées, des liens bien utiles pour l'écriture ou encore des dates pour des sessions d'écriture communes. Je vous conseille aussi, si vous voulez en savoir plus, cet excellent article d'Espaces Comprises sur le NaNoWriMo 

Voici quelques témoignages de NaNoteurs convaincus mais aussi de ceux qui n'y ont pas trouvé leur bonheur :


Je participe depuis quatre ans au NaNoWriMo : portée par l'émulation générale qui gagne le petit monde des écrivains à l'approche du mois de novembre, j'ai voulu voir comment ça se passait. Là, j'ai eu une révélation : en fait, 1666 mots par jour c'est facile ! Plus exactement, ça correspond à mon rythme habituel d'écriture (je fais partie de ceux qui écrivent beaucoup et préfèrent passer leurs soirées sur leur clavier plutôt que devant la télévision). Oui, mais... à condition de ne pas travailler en même temps sur des corrections (et quand il s'agit de corrections éditoriales, on ne choisit pas toujours la période) et de ne pas traîner sur les réseaux sociaux au lieu d'écrire (non, les statuts Facebook ne comptent pas dans le compte total de mots). 
Du coup, je passe à côté de tous les trucs sympas associés au NaNo : les write-in (réunions d'auteurs dans une même salle pour écrire ensemble – ce doit être géant!), les discussions sur le forum, les word-wars (qui écrira le plus de mots en un laps de temps donné), l'émulation pour placer un gator (un alligator, ne me demandez pas d'où est sortie cette idée, toujours est-il que le but est de placer un alligator ou à la rigueur un crocodile dans le roman en cours, que ce soit sous forme de reptile ou d'étiquette au revers d'une chemise), la lecture des extraits des copains... Du coup, je ne renouvellerai pas l'expérience cette année.

Pour répondre au qualité versus quantité : tout dépend de la façon dont vous écrivez. Si écrire vite et sans se retourner fait partie de votre processus habituel d'écriture, il n'y a pas de raison que ce soit différent lors du NaNo. Si au contraire vous avez besoin de revenir sur vos phrases pour les polir avant de passer à la suite, alors oui, ça risque de coincer. Mon conseil : ne pas se forcer. L'objectif du NaNo est avant tout de se faire plaisir, pas d'être productif à tout prix. Rien ne vous empêche d'ailleurs de jouer les toujours plus nombreux NaNoRebelles en vous fixant un objectif plus bas, ou en écrivant plusieurs nouvelles au lieu d'un roman. Et si le gator ne vous inspire pas, vous pouvez toujours essayer la pelle de la mort ! (ce qui consiste à tuer un personnage à coups de pelle). Enfin, vous pouvez vous inscrire juste pour soutenir les copains et participer à l'échange entre des centaines d'écrivains de tous pays.

Pour moi, le NaNo a été une expérience mitigée. Mon rythme pouvant passer du lièvre à la tortue selon la période, maintenir la cadence journalière pour atteindre l'objectif final relève de l'exploit. Il m'est arrivé de maintenir un quota très honorable voire l'exploser mais cela ne dure pas. J'ai déjà plusieurs fois le NaNo, trois fois pour être exacte. J'ai échoué à chaque fois. Cependant, sur les trois fois, une m'a réellement aidé et boosté. Les deux autres, oui, j'ai écrit mais jamais en étant satisfaite du résultat ou en concluant que cela m'avait été bénéfique. Que du contraire. Voir les autres enfiler les phrases et rapidement atteindre les 50000 mots peut aussi être vecteur de démotivation et de découragement. Je fais sans doute partie de ces rebelles qui préfèrent de loin n'avoir pas de quota à respecter mais simplement l'envie d'écrire, au moins un peu tous les jours. 
Après, l'émulation, on peut la retrouver dans d'autres endroits ou en d'autres occasions. Quant à la qualité de ce que l'on écrit, tout dépend de ce que l'on veut au regard du but du NaNo. Veut-on atteindre l'objectif à tout prix ou se concentrer sur le contenu ? Pour ma part, j'essaie de faire de mon mieux sans entrer dans une productivité trop importante qui pourrait porter préjudice à la qualité. Si c'est pour jeter ce qu'on a écrit parce qu'on l'a fait trop vite, je n'en vois pas l'intérêt ! Autant prendre son temps ! Je ne participerai sans doute plus officiellement au NaNo, mais je ferai ça dans mon coin en utilisant d'autres biais comme les Nuits de l'écriture pour avancer sans tenir compte d'un quelconque quota à écrire.

J'ai entendu parler du NaNoWriMo il y a de ça deux ans. Sur le papier, le principe m'a paru très sympa : écrire 50 000 mots en un mois, sur un projet, me semblait largement réalisable vu la vitesse à laquelle j'écris (relativement élevé en période d'inspiration). De plus, j'avais justement un ou deux projets sur lesquels je voulais plancher depuis longtemps. Alors pourquoi pas ?

Le truc, c'est que je me suis rendue compte rapidement que je ne suis pas du genre à m'imposer un quota de mots par jour, et le tenir relève de l'exploit. Non pas que j'arrive pas à écrire sous la contrainte, mais définir une limite haute ou une limite basse par jour ne me convient pas. Parce que certains jours, je n'ai pas d'inspiration, pas envie, d'autres choses à faire (ou une autre idée pour un autre projet) et que je suis aussi du genre à m'éparpiller constamment et à travailler/écrire plusieurs textes en même temps. Et aussi parce que je me suis rendue compte que me fixer l'objectif de 50 000 mots en un mois (ou moins) me bloquait complètement : impossible d'avancer, remise en question d'un synopsis déjà arrêté et retravaillé toutes les heures ou tous les jours, etc. Malgré la présence et l'émulsion des autres participants sur les chan IRC dédiés pour l'occasion, rien n'y a fait, en un mois d'expérience, j'ai laborieusement dépassée les 10 000 mots, et dans la douleur et le découragement le plus total. A noter d'ailleurs, pour ceux qui se poseraient la question que ces 10 000 mots ont fini plus ou moins à la poubelle, tant l'ensemble était lourd, laborieux et très peu fluide, ou les idées développées trop convenues.

Indépendamment des questions de qualité face à la quantité, je dirais que ce genre d'exercice reste tout de même formateur : dans mon cas, j'ai pu mettre le doigt sur ce qui fonctionnait ou non et de fait j'ai pu organiser ma façon de travailler, d'écrire ou de rythmer mon emploi du temps. Cependant, à mon NaNo a suivi une certaine période de découragement venue du fait que je n'avais pas atteint l'objectif et que (la première fois) j'avais aussi l'impression d'être la seule a qui ce genre d'exercice ne convenait pas.

Depuis donc, je ne m'impose plus de quota. Mes objectifs se bornent à "finir une (ou plusieurs) nouvelles" ou encore "écrire 1/2/3 chapitres", et pour l'instant ça fonctionne bien.

NaNoWriMo a changé ma vie d’auteur. Avant ma première participation, en 2006, j’étais brouillon dans mes idées et dans ma façon de travailler. J’écrivais le chapitre 25 avant le 13, j’avais la fin avant le début. Je n’avais pas de délai, j’y allais au gré de l’inspiration. Depuis, j’ai appris que l’inspiration, c’est une utopie et que l’écriture, c’est du travail. Grâce au NaNoWriMo, j’ai appris à organiser mes idées, j’ai appris mes forces et mes lacunes, je connais mon cerveau d’auteur et je l’anticipe. Même si j’ai vraiment envie d’écrire le chapitre 25 avant le premier, je fais l’effort de faire un pas après l’autre. C’est peut-être pour cette raison que je vais vite : je veux arriver au chapitre 25. J’écris toute l’année, mais je ne sais plus ce que je ferais sans mon mois de novembre.

Celui de Mandragore :

Ma relation à la NaNo est un peu particulière : j’ai participé une fois, ai atteint mon objectif, suis content de ce que j’ai écrit (en tout cas, ce n’est pas pire que tous mes premiers jets) et pourtant, je ne pense pas retenter l’expérience. Pourquoi ? Premièrement, car pour un auteur plutôt lent comme moi, augmenter son rythme à ce point oblige des sacrifices importants au niveau professionnel et social. Ensuite, parce que si le style n’est pas forcément impacté, ça pousse parfois à décrire certaines scènes plus longuement pour gagner quelques mots. Je pense qu’une partie du résultat de la NaNo sera éliminé à la correction.

Je suis cependant très heureux d’avoir osé participer. Ça m’a permis de me rendre compte de mes possibilités. Si je peux écrire 50000 mots dans un mois, alors 20000 c’est tout à fait faisable. Pour ceux qui n’auraient pas encore franchi le pas, je vous conseille d’essayer au moins une fois. Même si ce n’est pas ce qui vous convient, le fait de se forcer un peu aide à mieux appréhender sa relation à l'écriture.
Merci à Cindy Van Wilder pour la rédaction de cet article ! Retrouvez-la sur son blog où elle vous donne de nombreux rendez-vous : revue du web, conseils aux jeunes auteurs, le mardi sur son 31, et petites tranches de vie sur l'écriture, les influences, etc.

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