lundi 24 novembre 2014

La Convention CoCyclics 2014

Chaque année, le forum CoCyclics propose à ses membres de se réunir le temps d'un week-end. À la Convention, on parle littérature, on participe à des ateliers de travail et, bien entendu, on se détend. C'est l'occasion de rencontrer les autres membres du forum et de mettre des visages sur les pseudos.
Cette année, la Convention a eu lieu dans l'Aube, au gîte de Bois Gérard (http://www.boisgerard.fr/index.php) et a réuni pas moins de 56 auteurs. Cet environnement exceptionnel a permis aux participants de s'isoler totalement du monde loin d’internet et même du réseau mobile.

©LHomme au Chapeau

À la convention, les plus motivés peuvent travailler dans une ambiance sereine et décontractée.

Vendredi, à peine la nuit tombée et les premiers membres arrivés, les ateliers commencent déjà avec une table ronde dédiée aux cycles de bêta-lecture (cf. les articles L'histoire d'un cycle CoCyclics et La bêta-lecture têtard, qu'est-ce que c'est ?).
Patastec, Arya et Isaiah, qui ont tous les trois vécu ce moment, ont ainsi partagé leur expérience sous le feu des questions de Sytra, modératrice de la table ronde, et des participants.
Pour chacun des intervenants, le cycle a été une expérience formidable, un moteur de progression et une prise de conscience de ses forces et faiblesses. Tous attestent que leurs romans sont sortis grandis de cette expérience de longue haleine, d'une durée de 5 à 24 mois.
« Vous vous souvenez de l'effet que vous a fait votre première bêta ? Pour le premier cycle, c'est pareil. »
Pour le premier roman soumis en cycle, il faut donc s'attendre à un choc. Mais les auteurs en redemandent ! Arya, par exemple, a entamé tout récemment un nouveau cycle, convaincue de pouvoir apprendre encore beaucoup.

Le samedi soir, dans une salle comble, nouvelle table ronde autour l'édition numérique et des éditeurs pure player, soit qui n'éditent les romans et nouvelles que sous format numérique. La discussion commence par une lecture des témoignages de Desienne (Toxic chez Walrus) et Kira (Les enfants du feu chez Numeriklivre, En plein cœur chez Harlequin) sur le sujet, absents ce jour-là. Puis, Scipion (Seuls dans la collection SNARK) a complété en direct les réponses afin d'approfondir le débat.
On y parle des différences entre papier et numérique et des genres et formats plus adaptés à l'un ou à l'autre.
La leçon essentielle de cette discussion est que l'édition numérique doit être un choix de l'auteur, et pas une option par défaut.

Au cœur de la nuit de samedi à dimanche, les couche-tard, très tard, se sont frottés à un exercice redouté : la scène de sexe. Au cœur du traditionnel atelier Q, Beorn et Lilie ont fait la lecture d'exemples, bons ou mauvais, avant de confier aux participants des cadavres exquis à mots-clefs imposés, ainsi qu'une scène de sexe à écrire à partir de 4 éléments tirés au sort (et pas toujours des plus aisés, tentez donc la scène de sexe en utilisant Yoda, Jeanne d'Arc, la pelouse d'un stade et une poupée Barbie…).

Le dimanche matin, malgré le départ imminent, les participants se sont massés dans la forge pour écouter les conseils de Beorn. Leur but ? Apprendre à faire un bon pitch, c'est-à-dire quelques phrases d'accroche, pour donner envie de lire leurs récits... Il leur a fallu pour ça se mesurer à l'exercice sur quelques-unes des œuvres les plus connues de SFFF, que ce soit sur le papier ou au cinéma.

Alors certes, on travaille et on parle très sérieusement d'écriture, mais la convention est aussi un moment de détente et d'échanges.

Dès vendredi soir, les jeux de société sont de sortie et permettent à tous de se détendre après le long trajet qui les a menés à Bois Gérard. Étrangement, ou pas, les auteurs se révèlent particulièrement friands des jeux qui stimulent leur imagination, tels Dixit, les Story cubes ou le Loups-garous de Thiercelieux.

Samedi, en fin de matinée, se déroule la tombola : un roman déposé, un roman tiré au sort. Bien vite, les auteurs se retrouvent avec une nouvelle œuvre en main et partent parfois à la chasse à l'échange. Cette année, en prime, Garulfo a ramené quatre cartons pleins de romans qui ont fait de nombreux heureux.

L'après-midi, une trentaine d'auteurs excités comme des puces se lancent à l’assaut des bois environnants.
La cause de ce chahut ? La chasse au trésor organisée par Valerianne, assistée de Vestrit. Les énigmes font chauffer les neurones, mais un imprévu pimente la partie : les parchemins n'ont pas été découverts dans l'ordre prévu ! Les indications pour trouver les énigmes suivantes deviennent immanquablement très obscures et la confusion s'abat dans le bois. Il faudra finalement que les deux organisatrices interviennent sur le terrain en courant après les équipes perdues un peu partout, remettant les joueurs sur le droit chemin au lieu de les regarder s'agiter de loin d'un œil moqueur.

©Garulfo

Le samedi soir, les administrateurs du forum se sont frottés à un exercice difficile : discourir devant une armée d'auteurs affamés humant l'odeur du chili en préparation. Chacun d'eux a pris la parole tour à tour, Beorn perché sur une chaise pour se faire entendre. Nankin, qui s'annonce pourtant comme la plus timide, fera la prestation la plus remarquée, introduisant la théorie de Moïse et de la séparation des conversations autour d'elle. Chacun d'eux s'en sort avec les honneurs, sous des acclamations nourries.

Après cette allocution, les participants peuvent dévorer le chili con carne concocté par la redoutable équipe de cuisinières sous la houlette de Bergamote et Illiane. À nouveau, les auteurs papotent avant de se lancer dans une partie de loup-garou dans un village des plus volumineux (l'une des joueuses s'endormira même pendant la première nuit).

Le dimanche arrive bien trop vite. Beaucoup ont sacrifié leurs nuits sur l'autel de la Convention, les regards sont cernés. Les départs commencent à s'égrainer avant même le déjeuner et peu à peu la grande salle se vide. Après un dernier repas tous ensemble, une répartition des mets survivants, les derniers s'attellent au rangement et les bagages rejoignent les voitures.
Alors qu'ils s'éloignent du gîte, une pensée s'instille dans les esprits : « À quand la prochaine ? ».

La Convention ne pourrait pas exister sans l'équipe d'organisatrices et d'organisateurs qui passe une grande partie de l'année à travailler à la prochaine.

Un grand merci à :
  • Vestrit, chef d'orchestre qui a su trouver ce gîte suffisamment grand pour abriter 60 participants et permettre à tous de vivre ces moments uniques et magnifiques.
  • Illiane et Bergamote qui ont tenu la cuisine d'une main de maître pendant ces 3 jours.
  • Valerianne et Vestrit pour cette épique chasse au trésor.
  • Amonis qui était présent sur place avant et après tout le monde, pour en faire l'état des lieux avec Vestrit.
  • Conteuse qui a concocté les fiches permettant à chacun de reconnaître les autres, alors même qu'elle ne pouvait venir.
  • Roanne, elle aussi absente, qui a collecté les demandes de participations et reçu les contrats.
  • Melindra, encore une absente, pour son œil acéré sur les contrats.
  • Lilie pour l'organisation de la tombola.
  • Hatsh, Isaiah et Alaric pour leurs doigts de fées.
  • Sytra pour l'organisation des ateliers.
  • Ayalys pour la logistique des arrivées des grenouilles, sans qui le trajet gare - gîte aurait paru long à pied.
  • Aux intervenants des tables rondes et ateliers : Isaiah, Patastec, Arya, Scipion, Beorn et Lilie.
  • Aux petites mains qui ont aidé à la cuisine : Anaïs, Ayalys, Helike, Isaiah, Alaric.
  • Aux permanents, qui ont veillé sur les préparatifs de la convention et ont permis qu'elle se déroule, pour la cinquième année consécutive, dans des conditions idéales pour les participants.
Et merci à Vestrit et Francis Ash pour ce compte-rendu !

lundi 17 novembre 2014

Secrets d'anthologistes : Thomas Bauduret

C'est par une radieuse matinée de printemps, pendant le festival Zone Franche 2014 à Bagneux, que Thomas Bauduret a accordé cette interview à Mariedelabas au sujet de son travail d'anthologiste chez Malpertuis. Depuis cinq ans, l'anthologie annuelle des éditions Malpertuis rassemble en un volume dense le meilleur du fantastique, où se côtoient auteur·e·s aguerri·e·s, étoiles montantes et plumes prometteuses.
Thomas Bauduret est également traducteur et auteur sous le nom de Patrick Eris.

©Bertrand Robion



MDLB : Bonjour Thomas. Pouvez-vous vous présenter, ainsi que la maison d'édition Malpertuis ?

TB : Bonjour CoCyclics, j'en connais déjà quelques-uns, mais c'est toujours un plaisir !
Eh bien, j'ai sévi majoritairement dans Malpertuis. J'avais déjà fait une première anthologie qui s'appelait Rock Stars chez Nestiveqnen (ndlr : sous le nom de Patrick Eris), ça s'était plutôt pas mal passé, les auteurs étaient contents, et l'antho s'était bien vendue. Donc, quand on a lancé les éditions Malpertuis (dont l'origine serait une autre, très longue histoire pour un autre jour [1]), ma première idée a été de faire une anthologie qui ne soit pas thématique, sans autre sujet que le fantastique. Parce que le problème avec une anthologie thématique, quand on a une idée et que l'anthologie est déjà passée, on l'a dans l'os, et quand on a une idée trop tard, on l'a aussi dans l'os parce qu'il y a peu de chances que quelqu'un refasse une anthologie sur le même thème. Donc j'ai décrété « Ce sera une anthologie de fantastique point barre ».

MDLB : Comment êtes vous arrivé à devenir anthologiste ?

TB : Ce fut une très longue déchéance, vous comprenez… (rires) Non, sérieusement, j'ai partiellement répondu dans la première question. C'est parce que j'avais déjà fait une anthologie avec un éditeur avec lequel je m'entendais excessivement bien, j'ai tenté l'aventure et l'essai a été concluant. J'ai eu des gens très bien comme Jean-Marc Ligny, Michel Pagel, Philippe Ward, qui m'ont fait confiance et donc voilà, à partir de là, je dirais que ce fut un cheminement naturel. J'ai eu envie de retenter l'expérience. L'occasion fait le hareng, comme on dit (rires).

MDLB : Quelle sont les motivations pour diriger une anthologie ?

TB : Majoritairement, la découverte. Franchement quand je tombe sur une nouvelle qui me retourne, surtout quand il s'agit d'un texte de débutant puisque c'est un petit peu dans notre vocation, c'est un plaisir, déjà de lecture pour moi, qui ai la chance de ne pas être complètement blasé malgré des années dans ce métier, et aussi c'est le plaisir parfois d'avoir en plus des auteurs qui deviennent quelque chose. Ophélie Bruneau par exemple, qui a commencé chez nous, a deux et bientôt trois romans derrière la cravate, Sylvain Lasjuilliaras a sorti un roman, Olivier Gay qu'on ne présente plus n'a pas eu une de ses premières publications chez nous, mais ses premières nouvelles professionnelles chez Malpertuis… On n'est pas du tout possessifs sur nos auteurs. Au contraire, si un jour on a l'« Espoir de demain » et qu'il finit quelque chose d'énorme, alors là, qu'est ce qu'on sera content ! Ça voudra dire qu'on aura bien fait notre boulot de défricheurs. C'est quelque chose qu'on peut se permettre, car on est une toute petite structure, donc sans les objectifs de rentabilité, tous ces mots pas foncièrement barbares.
L'édition, il faut en passer par là, c'est aussi un business. Nous, on est à peu de chose près du fanzine amélioré, grâce à l'impression à la demande, grâce à l'associatif, on peut se permettre ce genre de choses. On peut se permettre des choses plus osées, des nouvelles très expérimentales comme on a eu quelques fois, et le plaisir c'est de se dire : « Celle-là, je la prends, parce que sinon personne ne l'acceptera jamais, et pourtant elle mérite d'être publiée ».

MDLB : Quel est le rôle d'un anthologiste selon vous ?

TB : Difficile à dire, en effet. Tout simplement d'essayer d'avoir un choix correct, faire un sorte que ses goûts correspondent à ceux d'une partie du public, parce qu'il faut être net, si on veut plaire à tout le monde, on fait du consensuel. Il est assez marrant de voir que quand on demande quelles sont les trois nouvelles préférées dans une anthologie on n'a jamais les mêmes réponses, et c'est très bien comme ça. Donc c'est d'essayer d'avoir une vraie diversité, peut-être parfois faire un peu abstraction de ses choix en dehors des coups de cœur que personnellement j'assume totalement. C'est de se dire : « Est-ce que cette nouvelle mérite d'être publiée, est-ce que cet auteur, si c'est un débutant, mérite d'exister ? ». Des fois c'est un petit peu cornélien, le jugement de Salomon, un petit peu cruel… Il y a des cas où c'est impubliable, il n'y a pas photo. Il m'arrive aussi de donner des réponses négatives mais en même temps positives : « C'est pas encore ça, mais continuez, il y a quelque chose… ».

MDLB : Comment s'effectue le choix des textes ?

TB : Il y a des coups de cœur : ces textes-là, je les veux, et même, le premier qui y touche, je le mords (rires). Il y a les textes sur lesquels je suis plus mitigé, où j'ai commencé à faire des listes, oui, non, oui, non. Je pars aussi du principe que « premier arrivé premier servi », c'est-à-dire que je lis les textes dans l'ordre d'arrivée. Si la même idée est traitée deux fois, eh bien celui qui a envoyé sa copie le plus tôt passera en premier, c'est normal. Il y a un petit pool de nouvelles qui passent le premier stade, et qui sont au deuxième stade : il n'y en a pas beaucoup sur lesquelles j'hésite, au final dans 80 % des cas je les prends, sauf s'il y en a une autre dans la pile qui traite la même idée et s'avère plus aboutie. Il faut que je relise à tête reposée. Et à partir de là, le sommaire est fait.

MDLB : Comment s'effectue le choix de l'ordre des textes ?

TB : Oh là là ! Tout commence par une grosse consommation de Migralgine… Non sérieusement, c'est comme, je dirais, un opéra : il faut qu'il y ait des moments de détente, accepter les crescendo, qu'il y ait ensuite des plages plus calmes, des nouvelles humoristiques. Parfois, comme dans le Malpertuis III, j'ai choisi de commencer sur une nouvelle-choc, celle de Sylvain Lasjuilliaras qui, je trouvais, donnait un double coup de poing à l'estomac, en tous cas c'est comme ça que moi je l'ai reçue. D'autres fois par des nouvelles qui permettent d'entrer tranquillement dans l'anthologie, de s'installer avant de, boing ! prendre la grosse surprise puis le coup de poing dans l'estomac. Des fois, moi-même, je me demande comment je fais (rires). C'est l'instinct qui essaie de composer cette partition.

MDLB : Pour finir, avez-vous une anecdote particulière à partager ?

TB : En voici une : j'ai reçu un jour deux nouvelles qui étaient un peu longues, c'est toujours un peu rédhibitoire, mais il y avait un univers... Au fil de la lecture, ça donnait « oui… non… oui… non… oui… non… oui » au final non. J'ai envoyé un mot en disant « Désolé, ce n'est pas encore abouti, il y a encore besoin de peaufiner, mais il y a déjà quelque chose. Il faut travailler et surtout ne renoncez pas ». Et j'ai eu un grand moment de solitude quand j'ai reçu une réponse disant : « Oui, c'est gentil. J'ai tout le temps de m'améliorer, je n'ai que treize ans ».
Comme dirait Jimmy Guieu : « Petit un : authentique » [2].
Une recommandation : Malpertuis, ce n'est pas un concours ; si vous voulez avoir une réponse, étant donné que je suis très peu doué pour le marc de café, mettez votre nom et vos coordonnées sur la nouvelle, sinon vous n'avez pas beaucoup de chance d'avoir une réponse !

MDLB : Merci beaucoup !

TB : Merci à vous !


Notes :
[1] Et elle vous sera racontée !
[2] Habitude d'écriture de Jimmy Guieu (1926-2000), chroniqueur radio, auteur de SF et ufologue.

Liens :

lundi 10 novembre 2014

Les Intergalactiques - Table ronde La Volte fête ses 10 ans

Du 23 au 29 octobre a eu lieu la troisième édition des Intergalactiques, le festival de science-fiction de Lyon. Au menu, conférences, ateliers, animations, projections et rencontres autour d'un thème récurrent dans la SF. Cette année, l'écologie était à l'honneur.

Les Intergalactiques : La Volte fête ses 10 ans


2014 est aussi une année importante pour la maison d'édition fondée par Mathias Echenay et Alain Damasio : La Volte célèbre son dixième anniversaire et a choisi le cadre des Intergalactiques pour souffler ses bougies.

La Volte est une maison empreinte de liberté et de créativité.
La petite histoire (confirmée par les fondateurs) dit qu'elle a vu le jour pour un roman en mal d'amour : La Horde du Contrevent, d'Alain Damasio.
En 2004, Mathias Echenay, ami de longue date de l'auteur (ils se sont rencontrés à Lyon, au lycée Ampère), prend contact avec divers éditeurs pour ce livre et avoue ne pas trouver preneur. Vingt-trois narrateurs, ça effraie.
Damasio convainc alors Echenay de fonder La Volte.
Un auteur et un éditeur inconnus qui se lancent ensemble, personne n'y croit vraiment ; et pourtant, ça marche. C'est le début d'une grande aventure pour les deux créateurs, qui ne comptent plus leurs soirs et leurs weekends afin de bâtir ce nouvel espace de liberté. Dix ans plus tard, l'espace est toujours présent dans le paysage éditorial et a pris de l'ampleur.

Au fil du temps, des enthousiastes, qui se font appeler les « Voltés », ont rejoint le duo d'origine ; souvent attirés par l'œuvre de Damasio, ils ont apporté leurs compétences et leur amour de l'art pour mener des projets à bien : Thibaut Perol a d'abord travaillé sur une présentation numérique des personnages de La Horde avant de se retrouver à la direction pour le recueil Aucun Souvenir assez solide ; Emmanuel Gob a proposé une seconde version (plus optimisée) du fichier numérique de La Horde avant de programmer les versions numériques des ouvrages de la maison d'édition ; Eric Henninot planche quant à lui sur l'adaptation en bande dessinée du livre de Damasio... plusieurs croquis préparatoires et illustrations étaient d’ailleurs en exposition durant le festival des Intergalactiques.

La Volte bénéficie de ces énergies créatrices et donne souvent naissance à des œuvres multi-supports, à écouter, à regarder et à lire. La maison publie peu (seulement trois à cinq romans ou recueils de nouvelles par an) et mise sur une « approche d'artisans » pour à chaque fois offrir à ses lecteurs une expérience originale et riche en émotions.
La célébration de ses dix ans est de bon augure : le public, présent en masse pour l'évènement, est le signe que les maisons d'éditions indépendantes, atypiques, portées par des passionnés, ont encore de beaux jours devant elles.

Pour en savoir plus :

Merci à Lilie pour ce compte-rendu !

dimanche 9 novembre 2014

Les Intergalactiques - Table ronde lancement

Du 23 au 29 octobre a eu lieu la troisième édition des Intergalactiques, le festival de science-fiction de Lyon. Au menu, conférences, ateliers, animations, projections et rencontres autour d'un thème récurrent dans la SF. Cette année, l'écologie était à l'honneur.

Les Intergalactiques : Quand la science-fiction construit d'autres systèmes planétaires


Après une soirée d'ouverture dans un planétarium de la ville, le lancement des Intergalactiques est officialisé par une table ronde, le vendredi 24 octobre, au sein de la bibliothèque municipale de la Part-Dieu. Trois auteurs : Jean-Pierre Andrevon (Les Hommes-machines contre Gandahar, Le Monde enfin), Alain Damasio (La Zone du Dehors, La Horde du Contrevent) et Laurent Genefort (Omale, Alaet) ont discuté et débattu pendant près d'une heure trente autour de la construction d'univers et la conception d'une écologie en science-fiction. À l'animation, Jérôme Vincent, directeur des éditions Actusf.

« Comment imaginer des planètes ? Comment imaginer des univers et anticiper, concevoir la part écologique de chacun d'entre eux ? »
La table ronde débute par ces deux interrogations, fortes, qui donnent le ton pour cette troisième édition des Intergalactiques. Tout au long de l'évènement, il sera question de création artistique et d'écologie. Les trois auteurs invités se prêtent au jeu.
Alain Damasio explique comment il aime partir de façon abstraite, d'un concept simple (exemple : le mouvement, le vent pour La Horde du Contrevent) afin de développer tout un univers, le plus cohérent, le plus crédible, le plus réaliste possible. Grâce à une nouvelle, La Pluie de Ray Bradbury, il a compris qu'un élément pouvait à lui seul porter un récit et conduire un univers (avec sa faune, sa flore, son architecture, ses personnages).
Laurent Genefort, en tant que créateur de planet operas, aime partir de la création langagière, imaginer les relations et les interactions interespèces ; il cherche à s'échapper des références humaines, « terriennes » afin de bâtir des écosystèmes et des mondes foisonnants.
Quant à Jean-Pierre Andrevon, il revendique son attachement à la Terre et aux espèces qui s'y trouvent. Peintre avant d'être écrivain, il s'inspire d'images, de visuels. L'idée principale d'Hydra, une intrigue policière située sur une planète recouverte d'eau, lui est apparue au sortir d'un rêve. Gandahar et son monde sylvestre rappelle par certains côtés le Paradis terrestre.

Au-delà du plaisir de création que leur procure cette conception d'écosystèmes et d'univers, les trois auteurs s'accordent sur le fait que la science-fiction permet d'aller plus loin encore. Que ce soit pour dénoncer ou espérer, rendre compte des problèmes actuels ou extrapoler, établir une critique ou proposer des solutions différentes, nouvelles… Alain Damasio souligne que la science-fiction est parfaite afin d'appuyer le désir de révolution chez l'humain, le désir d'alternatives. Pour lui, les auteurs du genre ont cette responsabilité-là.
Selon Laurent Genefort, la science-fiction est devenue, au fil du temps, de plus en plus réaliste à mesure que la science est devenue de plus en plus spéculative. Aujourd'hui, les scientifiques invitent de plus en plus les auteurs à partager avec eux leurs visions du futur.
Une façon de légitimer la science-fiction et son rôle pour l'avenir : interroger l'humain et imaginer d'autres possibles pour un « mieux » commun, sociétal et écologique.

Liens :

Merci à Lilie pour ce compte-rendu !