lundi 19 octobre 2015

Géante Rouge : interview de Patrice Lajoye

Au printemps dernier, Tintama(r)re inaugurait une nouvelle rubrique « Revues et zines francophones », avec une interview de Pierre Gévart, rédacteur en chef de Galaxies, réalisée par Guillaume Parodi.
Ce dernier s'est ensuite intéressé au fanzine Géante Rouge.



Créé en 2005 par Pierre Gévart, le fanzine Géante Rouge (site Internet) a longtemps publié des auteurs méconnus aux côtés d'écrivains confirmés. Le but de cette revue à publication annuelle est d'assurer un tremplin et d'offrir une visibilité à des auteurs dont la plume est encore naissante. Même si le fanzine préfère traditionnellement les textes de science-fiction, aucun genre n'est complètement omis et il est tout à fait possible de retrouver, au fil des publications, des textes fantastiques. Géante Rouge est aussi connu pour publier annuellement les meilleurs micronouvelles du concours des Pépins.
Toutefois, depuis le mois de septembre 2015 et devant l'afflux massif de textes soumis à son comité de lecture, le fanzine a fermé les portes de son appel à textes.

Curieux et curieuses d'en connaître plus sur cette publication qui fête sa première décennie d'existence, nous sommes aller poser quelques questions à son rédacteur en chef Patrice Lajoye. (NDLR : interview réalisée en mai 2015.)

Tintama(r)re : Combien de membres compte l'équipe de Géante Rouge au total ?
Patrice Lajoye : Dans les faits, en permanence trois : Pierre Gévart, le directeur de la publication, Ketty Steward, qui corrige les textes, et moi qui les sélectionne. Mais parfois nous tentons des choses, comme pour le numéro de 2013, pour lequel nous avions invité des blogueurs à participer à la sélection.

Géante Rouge est-il distribué uniquement en France métropolitaine ou aussi dans les départements et territoires d'outre-mer ? Avez-vous connaissance d'un lectorat francophone non français ?
La distribution de Géante Rouge suit celle de Galaxies, qui est bien distribuée. Et oui, il y a un lectorat francophone non français, notamment québecois.

Comment définiriez-vous la ligne éditoriale du fanzine ? A-t-elle évoluée au fil du temps ?
Depuis que j'ai pris en main Géante Rouge, la ligne éditoriale n'a pas varié. Il s'agit de publier avant tout de la SF (fantasy et fantastique peuvent être acceptés, mais plus rarement), et des auteurs débutants, qui se retrouvent à accompagner au sommaire un ou deux auteurs confirmés. L'idée de Géante Rouge est d'être un tremplin.

Quelle est la place du dossier inclus dans chaque numéro ?
Elle est importante, mais pas centrale non plus. L'expression « dossier » est d'ailleurs un peu inappropriée puisqu'il s'agit le plus souvent d'un entretien, aussi copieux que possible, accompagné d'une ou deux nouvelles inédites.

Couverture de GR n°23 (2015)


Depuis quand Géante Rouge propose-t-il une offre numérique ? Quels avantages ou désavantages y trouvez-vous ?
Géante Rouge est disponible en numérique, plus exactement en pdf. L'avantage est tout simple : le prix. Le numérique peut nous permettre de toucher des lecteurs qui n'ont pas forcément de gros budget.

À combien estimez-vous les ventes de Géante Rouge en version numérique ?
Je ne sais pas du tout : je laisse Pierre Gévart gérer les aspects commerciaux et comptables.

Est-ce que la revue demeure encore dépendante de la publication papier ou envisagez-vous le tout numérique comme le font certains grands périodiques comme Le Monde ?
Il y aura toujours les deux. Les moyens d'impression actuels font que l'on peut avoir une version imprimée sans que ce soit hors de prix. Et pour l'instant, je pense que les lecteurs préfèrent encore largement cela.

Parlez-nous des Pépins... Comment vous est venue l'idée de publier les résultats de ce concours dans votre fanzine ?
Les Pépins ont été initiés bien avant que je n'arrive à la direction de Géante Rouge. Ils ont été un temps publiés sous forme de livret, avant de l'être dans la revue. C'est finalement leur meilleure place, et cela évite de multiplier les supports.

Vous recevez un texte de la part d'un auteur. Quel sera le cheminement du texte au sein de votre équipe ?
Cheminement est un bien grand mot : je suis le plus souvent seul responsable de la sélection. Je tâche de lire tout, même si c'est dur car il arrive beaucoup de textes, certains d'ailleurs sans rapport avec ce que nous demandons. Cela représente en général plus d'une centaine de nouvelles, auxquelles il faut ajouter celles qui arrivent pour le prix Le Bussy, dont je suis membre du jury, et qui sont tout aussi nombreuses. Chaque texte accepté fait l'objet d'un travail éditorial, avec l'auteur. Et s'il s'en trouve un que je pense exceptionnel, je le soumets à Pierre Gévart pour Galaxies.

Percevez-vous un effet de mode dans les textes reçus ? Avez-vous vu au fil des années une évolution particulière quant aux genres et/ou sous genres des textes proposés ?
Pas vraiment. Même si je reçois une masse de dystopies, de récits post-apocalyptiques et d'histoires de zombies... C'est d'ailleurs un brin lassant. Mais ça n'empêche pas qu'il peut y avoir des choses excellentes dans ces domaines. Cependant, il devient difficile d'être original.


Liens

lundi 12 octobre 2015

Convention CoCyclics 2015

Chaque année la Convention CoCyclics permet aux membres du forum de se réunir le temps d'un gros week-end, pour discuter, assister à des ateliers sur l'écriture et la publication, participer à diverses activités, se rencontrer, etc. Cette année, elle a eu lieu les 25-27 septembre au gîte de loisirs de Mery-sur-Seine et a rassemblé 49 personnes. Loin des réseaux internet et mobile, place à la détente et à la littérature SFFF !
Pour ce compte-rendu, l'équipe du blog a décidé de laisser la parole à des habitué·e·s et à de nouveaux membres du forum, ainsi qu'à l'équipe d'organisation.
Petit glossaire des surnoms donnés au forum et à ses membres :
  • Le forum : la Mare
  • Les membres du forum : les grenouilles
  • Les administrateurs : les Permanents ou les Oranges (dû à la couleur de leur pseudo)
  • L'équipe de modération de la section "Challenges 1er jet" : les capes violettes (due à la couleur de leur pseudo)
  • Les mascottes du forum : Super Grenouille, Super Reinette et Super Têtard.

Gîte de Méry-sur-Seine
©Gîte Loisirs de Méry-sur-Seine

Ifuldrita nous raconte sa première venue :
Ma première convention... Par où commencer ? Peut-être par « l'avant ». En m'inscrivant à la convention, je ne savais pas à quoi m'attendre. Est-ce qu'on allait passer le week-end à discuter de nos projets et d'autres choses autour de verres du fameux nénuphou (un peu comme dans les petites IRL que j'avais déjà faites sur Paris) ? Est-ce qu'on allait faire des courses en sautant dans des sacs à patates façon week-end d'intégration ? Résultat : un peu des deux et plus encore ! Effectivement, au programme : de belles rencontres avec des personnes maintes fois croisées sur le forum (« On s'entend bien sur la Mare, mais est-ce que ce sera la même chose en vrai ? ». Réponse : oui !) ainsi qu'avec de nouvelles ; des retrouvailles avec les quelques-unes que je connaissais déjà ; la découverte d'un fourmillement de projets plus alléchants les uns que les autres ; une course façon « La carte au trésor » version SFFF (oui, oui, j'ai couru !) ; des conférences et tables rondes ô combien enrichissantes ; un atelier quelque peu (non, en fait très) tardif où l'on fait de son mieux ; des parties de Loup-garous et moult autres jeux de société rondement menées ; un atelier pitchs ultra-stressant (où l'on se rend compte que venir juste avec un pitch, ça n'est pas suffisant).
Bien sûr, je vous l'ai faite version courte !
Ce que je retiendrai le plus de ce week-end à l'organisation impeccable ? Les yeux brillants d'enthousiasme des grenouilles, ma prise de conscience du boulot monstre qu'abattent toutes les équipes de la Mare, ainsi qu'une envie soudaine de me bouger pour terminer mes projets.
Merci à toutes les grenouilles pour ce qu'elles sont et à l'année prochaine, j'espère !

Têtard potté se drape dans sa cape violette pour nous avouer un complot (ou pas !)
L'équipe violette, doux surnom des modérateurs challenge 1er jet, était venue en force : Aramis, Arcane, Cyberlune, Ayalys et moi, soit cinq membres sur les neuf. Était-ce pour effrayer la modération générale, représentée par Anaïs et Valerianne, ou l'équipe de modération des cycles, représentée par Ardawal et Conteuse ? Nous resterons muettes sur le sujet et toute tentative pour nous faire parler (sans chocolat) se soldera par un échec !
De nombreux papotages nous ont permis de faire plus ample connaissance avec l'une de nos dernières recrues, Arcane, que nous rencontrions pour la première fois IRL. Nous avons également discuté travail. Les défis 2015 ont beaucoup inspiré les participants des challenges. Nous leur en réservons un dernier qui sera lancé à la mi-octobre. Placé sous le signe du frisson, celui-ci aussi devrait leur plaire ! Nous avons fait un petit point sur les nouveautés 2015 et commencé à préparer la session 2016.
Après cela, épuisées, nous nous sommes soumises au shooting photo de Hatsh. Chacune d'entre nous a ensuite remplacé son avatar par sa photo de star. Il se murmure d'ailleurs que notre autorité et notre crédibilité ne s'en relèveront pas !

Quelques modératrices du forum
Des modératrices en forme ! (©Hatsh)

Llyana, qui a revêtu la cape violette peu après son retour de la Convention, a elle aussi découvert pour la première fois ce rassemblement étrange...
Il y a toujours un monde entre échanger sur Internet et passer un week-end entier avec de quasi-inconnus. Je savais que j'allais affronter des dortoirs et des salles de bains communes (Mon pyjama est-il présentable ? Pourvu que je ne ronfle pas !), sans parler des tâches ménagères qu'entraîne la concentration d'une cinquantaine de personnes. Et puis, l'écrivain est-il toujours très sociable ? N'y allait-il pas y avoir des étincelles entre tant de brillants esprits ? Bref, je suis partie avec quelques appréhensions tenaces.
Heureusement, les mêmes organisation et bienveillance qui règnent sur le forum se retrouvaient dans le gîte. Sur place, j'ai été happée par un foisonnement d'activités et de rencontres. Un rassemblement de cette ampleur permet de se rendre compte de la diversité des grenouilles : les participants sont de tout âge et de toute origine (quelques-uns venaient même de l'étranger), exercent toutes sortes de métiers, mais tous sont réunis autour de l'amour de la littérature SFFF. Le contact se révèle facile ; impossible de compter les bavardages, les rires et les jeux.
Les discussions ont souvent été entrecoupées de pauses plus studieuses. J'ai ainsi eu l'occasion de faire de la béta-lecture avec l'auteur de l'extrait qui réagissait à mes commentaires en direct, sans parler de séances d'écriture plutôt laborieuses (mention spéciale à celle qui s'est tenue à 2 heures du matin).
Les 44 heures se sont déroulées sans accroc. Rompue mais encore exaltée, je suis partie comme prévu le dimanche avant le dernier repas. L'année prochaine, je serai moins hésitante : je resterai le plus longtemps possible !

Tablée de membres du forum
Vive le soleil et les tablées en plein air ! (©Ereneril)

Quand l'appétit va, tout va ! Remercions donc notre équipe cuisine de choc ! Illiane explique les coulisses :
Nourrir un attroupement de grenouilles n'est pas chose aisée. Un objectif : empêcher tout ce petit monde de mourir de faim pendant la convention, tout en tenant compte de leurs différents régimes alimentaires.
Heureusement, l'équipe cuisine, composée d'Anaïs et d'Illiane, s'y est attelée, aidées par une horde de volontaires. C'est qu'il y avait fort à faire, entre l'expédition pour faire des courses, la vérification des allergènes contenus dans les plats mitonnés par les grenouilles arrivant sur le gîte, la préparation des salades ainsi que le découpage des légumes et évidemment la vaisselle (avec son lave-vaisselle high tech dompté d'une main de maître par Lilie).
Et malgré toute la planification en amont, les imprévus restent de mise, en particulier lorsque l'équipe s'est rendue compte le samedi après-midi qu'il n'y aurait jamais assez de pain pour le lendemain ou lors de la découverte des fameuses pommes mystères ayant atterri dans notre caddie sans raison connue. Après une longue réflexion, l'équipe cuisine a fini par trouver le fin mot de l'histoire : en voulant traverser le multivers, un ours au miel a semé sa récolte d'automne et une faille spatio-temporelle aboutissant dans le fameux caddie a fait le reste. Quoi de plus normal, pour une convention CoCyclics ?

L'équipe cuisine de la convention
Une équipe cuisine de choc ! (©Hatsh)

Pour dépenser toute cette énergie et tester leurs connaissances en SFFF, une chasse au trésor était programmée par la magistrale Valerianne :
Ah, la Convention. Moment paisible et serein. Les oiseaux chantent, le bruissement du vent et le clapotis du fleuve bercent le gîte. Et soudain, tout vole en éclats : une vingtaine de grenouilles se jette à l'assaut des buissons, court le long des berges et pousse des cris en dénichant des parchemins ! Pourquoi ? Car elle participe à la chasse au trésor, dont le but est aussi fou que téméraire : piller la réserve chocolatée de Super Grenouille.
En amont du grand jour, dans le secret de son antre machiavélique, Valerianne a concocté des énigmes mêlant rébus, codes, alphabets étranges et références SFFF obscures. Son méfait accompli, elle a pu compter sur son acolyte Hatsh, qui a suggéré des améliorations diaboliques.
Le samedi de la Convention, les deux compères ont secrètement quitté le logis pour disséminer dans les alentours les 8 parchemins des énigmes : elles ont traqué les meilleures cachettes dans des bosquets, sous du lierre ou au creux d'un arbre fendu.
14 heures est vite arrivée. Les grenouilles ont formé des équipes pour participer à la grande chasse : les Chaussettes, l'Équipe Fouettarde, les Fous, les Inspirés, les Meilleurs et les Petits Oursons étaient prêts à en découdre !
À 14h15, le grand départ a été lancé : les équipes se sont lancées dans une bataille de mots et de neurones. Chaque fois qu'elles découvraient une énigme, elles devaient la résoudre puis envoyer par SMS la solution à Valerianne. Selon son humeur et le bon vouloir du réseau téléphonique, Valerianne leur indiquait alors la localisation du prochain parchemin. De jeu de piste en casse-tête, les équipes ont parcouru les bords de Seine dans une belle ambiance, où les cris d'excitation (et parfois de frustration !) se mêlaient aux rires. Et au bout d'un chemin semé d'embûches plus ou moins volontaires (nous tairons le moment où Valerianne a envoyé le mauvais indice à une équipe, la plongeant dans un abîme de réflexion), les grenouilles ont affronté le dernier défi échafaudé par Hatsh.
Au final, toutes les équipes ont triomphé et passé un moment convivial, un peu fou et désordonné, intense et amusant, sans jamais perdre de vue l'esprit de la Mare : entraide, bonne humeur et amour de la SFFF et du chocolat !

D'ailleurs, Akalou, fraîchement passée BL vert-sapin sur le forum, ne risque pas d'oublier sa première convention de sitôt...
Après quelques heures de route au cours desquelles j'ai découvert le concept du geocaching, je suis arrivée sur le site de la convention, un lieu charmant au flanc d'une bébé Seine. Plusieurs grenouilles se trouvaient déjà sur place, groupées aux endroits stratégiques, à savoir la cuisine et les tables dans la cour. C'est à ce moment que j'ai dû essayer de stocker dans ma petite mémoire tous les pseudos, prénoms et visages des chers batraciens. Heureusement, les organisateurs avaient anticipé le problème. Les bobines des participants étaient affichées dans un couloir avec les noms, pseudo et avatars.
Après avoir donné un coup de main en cuisine, je suis allée assister à la conférence/discussion d'Ivan sur « Les outils d'architecture » pendant laquelle on a abordé plein de thèmes intéressants autour de la construction d'un récit. Dommage que nos estomacs grognards aient eu le mot de la fin à la place de la conférence. [Pour lire la présentation d'Ivan en ligne, clique ici !]
Lors du dîner nous nous sommes délectés des bons petits plats amenés par les grenouilles (mention spéciale au succulent saucisson de Rennes reine renne de Verlane).
Le lendemain, j'ai participé à l'atelier micro-nouvelles animé par Atar. Outre que j'ai appris l'existence de bestioles étranges comme le pépin (texte TRÈS court de 300 signes maximum) et la micro-nouvelle (2000 signes maximum), ça m'a permis de me débloquer sur le format court qui était un peu ma bête noire.
Après un très bon repas de salades composées par les soins d'Anaïs et illiane, notre équipe cuisine, nous sommes partis en plusieurs équipes à la recherche du trésor de Super Grenouille (entité fictive toute-puissante du forum) via la chasse au trésor organisée par Valerianne. Les énigmes étaient coriaces et les questions littérature SFFF demandaient une culture qui me faisait défaut. Malgré tout, notre équipe a fini 3e (oui bon, c'était la dernière place ex-æquo avec 3 autres équipes...) !
Une fois l'effervescence de la chasse estompée, nous avons été nombreux à assister à la table ronde « Le cycle et après » avec Arya et Isaiah qui répondaient aux questions de Booz. Cela m'a permis de réaliser plus concrètement comment se passent la recherche et la relation avec un éditeur, et de voir que malgré les difficultés, il ne faut jamais désespérer.
Les Oranges présents (Aéthra, Amonis, Arya, Beorn, Fred, Nankin, Siècle) nous ont ensuite fait profiter d'un discours étonnamment divertissant, au cours duquel j'ai pu me rendre compte de la vastitude du forum et de la masse de travail effectuée par de nombreux courageux membres.
Un dîner de pâtes aux sauces exquises a précédé une soirée jeux au cours de laquelle les loups-garous ont démontré leur supériorité en croquant avidement tous les villageois sans défense.
La soirée étant bien avancée, j'ai décidé de me mettre au lit et de faire une croix sur le dernier atelier d'écriture.
Le dimanche est passé en un éclair, entre donner des bises à ceux qui partaient et un peu de lecture, il était déjà temps de déjeuner. Une dernière partie de Hanabi pour la route puis nous avons rejoint la gare, des petits cœurs encore plein les yeux.

Atelier-conférence sur la méthode architecte par Ivan
La méthode architecte selon Ivan : une ambiance studieuse règne... (©Ereneril)

La convention, ce sont donc aussi des ateliers et des défis d'écriture. Un atelier d'entraînement au pitch oral a été lancé par Beorn, Vestrit, Lullaby, Isaiah et Lilie - cette dernière nous le présente :
Cette année, l'équipe organisatrice de la convention a décidé de renouveler l'atelier sur les pitchs en lui faisant prendre une forme nouvelle...
Un jeu de rôle a été mis en place (trois ou quatre tables disposées dans une salle, et des duos « faux éditeurs » / vrais auteurs) afin de recréer l'atmosphère d'une rencontre éditoriale IRL et de mettre en condition celles et ceux qui voulaient travailler sur la présentation orale de leurs textes !
Plusieurs grenouilles se sont prêtées au jeu. Du côté des faux éditeurs, Beorn, Isaiah, Lullaby, Vestrit et moi-même étions sur le pont afin de bêta-écouter les courageux et courageuses que l'exercice a attiré.
Car une fois le pitch énoncé et la séance de questions-réponses terminée, les échanges se sont poursuivis. Si l'écrit représente bien le cœur du métier d'écrivain, maîtriser la communication orale, que ce soit avec un éditeur ou un lecteur, fait partie des nombreux défis d'auteur à relever. Les « faux éditeurs » avaient donc pour mission de fournir aux participant·e·s un retour, le plus complet possible. Comme pour une bêta-lecture sur le forum, il s'agissait d'exprimer un ressenti et de guider les auteurs dans leur communication, de montrer que l'oral pouvait se travailler au même titre que l'écrit.
Mission accomplie ? Le travail continue sur la Mare ou dans les futures rencontres...

Atelier pitch
Pas facile de pitcher... (©Hatsh)
Têtard potté nous en fait le récit d'une survivante :
Après les explications théoriques est venu le temps de la pratique. Les candidats au pitch, le regard effrayé par cet exercice retors, se sont répartis en deux groupes. Le premier est passé tout de suite, l'autre a filé – pardon, est parti s'entraîner dans le couloir.
Je faisais partie de la seconde vague. Aidée par Valerianne, Verlane et Alaric, j'ai commencé à comprendre que je faisais fausse route avec mon pitch, trop riche en informations. Lorsqu'est venu mon tour d'affronter Vestrit dans son rôle de faux éditeur, elle m'a écoutée, pressée de questions sur les personnages, l'univers, l'intrigue pour finalement mettre le doigt sur le défaut majeur : mon pitch partait dans trois directions différentes et fourvoyait l'interlocuteur. Une fois posée la question : « Mais de quoi parle ton roman ? », j'ai enfin compris ce qu'on attendait d'un pitch. Deux phrases m'ont alors suffi pour présenter un pitch qui avait fière allure ! Un grand merci à Vestrit et à toute l'équipe pitch !


Pour finir, laissons la parole à celle qui a géré l'organisation de la convention ces trois dernières années et qui tire sa révérence : vestrit.
Organiser la convention ces 3 dernières années a été à la fois épuisant et tout à fait merveilleux. Épuisant, parce qu'il faut chasser le gîte au péril de sa vie, réunir les grenouilles sauvages pour l'équipe et discipliner tout ce petit monde coassant. Fantastique, parce que les grenouilles sont en fait plutôt adorables et que travailler avec elles est un bonheur. Gratifiant, enfin, car voir les gens profiter de leur week-end, passer un bon moment, sans toujours soupçonner tous les rouages de la convention n'a pas de prix.
Cette année fut pour moi la dernière aux commandes. La dernière dans l'organisation tout court, d'ailleurs.
La convention 2015 avait cette petite saveur d'ultime fois à surveiller que tout le monde a trouvé son lit, que les gens arrivent à bon port et repartent aussi bien, de vider les poubelles après le départ de tous. Je ne vous le cache pas, ce sera un soulagement de ne plus avoir à se soucier de tous les détails.
Mais cela me manquera probablement. Car, au-delà de mon complexe d'hyper-contrôle, mon équipe va me manquer.
Mes chères grenouilles de l'organisation, vous avez fait un super boulot, comme toujours, et je regretterai de ne plus travailler avec vous. Mais je quitte l'équipe sereine, car je sais que je la remets entre de bonnes mains. On se retrouve sur d'autres eaux de la Mare !


Oui, un grand merci à toute l'équipe d'organisation et aux membres qui ont participé à la rédaction de cet article !

dimanche 4 octobre 2015

Kisasi d'Aurore Perrault : dernière publication de Griffe d'Encre

Couverture de Kisasi, d'Aurore Perrault

Aujourd'hui, nous partons en Afrique, direction Kisasi ! Non, ce n'est pas une ville du Kenya ou une région perdue du Delta de l'Okavango, mais le titre de la novella d'Aurore Perrault alias Chapardeuse. Desienne est allé l'interroger sur la genèse de l'histoire et sur sa publication.

Tout d'abord, Kisasi sort à la fin octobre aux Éditions Griffe d'Encre, donc félicitations ! Comment s'est effectuée la rencontre avec leur équipe ?
Le forum des éditions GE est l'un des premiers sur lequel j'ai osé m'inscrire en 2008, quand j'ai commencé à mettre le pied dans le petit univers de la SFFF française. J'aimais leurs textes alors j'ai proposé à Magali et Menolly de leur donner un coup de main, ce qui m'a permis d'effectuer beaucoup de relectures de textes finalisés et un peu de corrections éditoriales sur l'anthologie Virus. Parallèlement, j'ai participé à presque tous les appels à textes de Griffe d'Encre mais mise à part ma nouvelle dans l'anthologie L'Air, mes textes n'ont pas convaincu... jusqu'à Kisasi.

Peux-tu nous présenter Kisasi, un roman fantastique mais pas seulement... une histoire qui résonne.
Kisasi se déroule en République Démocratique du Congo, plus précisément au Nord-Kivu, où nombre de cas de violences envers les femmes sont encore recensés. Ce roman met en scène deux personnages que tout oppose : Aïssata, Congolaise, ancienne victime qui a choisi la voie de la vengeance, et Charles, un médecin français en mission humanitaire. Tous deux maîtrisent un don qu'ils exploitent pour accomplir ce qu'ils pensent juste, mais qui va aussi les amener à s'affronter.
Comme je l'explique dans les notes d'accompagnement du texte, c'est le visionnage du reportage « Le viol, une arme de guerre au Congo » de Susanne Babila qui a tout déclenché : l'idée de Kisasi et l'envie d'en savoir plus. On trouve facilement de bonnes sources sur ce sujet ; ce qui est décrit dans les rapports m'a fait froid dans le dos et dès lors j'ai ressenti le besoin d'écrire cette histoire.

Kisasi est passé par le cycle en 2012 et comme tu l'as récemment confié : « je me souviens bien de la synthèse, elle piquait un peu ! Mais quel bénéfice pour le texte ! ». Justement, qu'est-ce que ce travail avec les alphas et bêtas lecteurs t'a apporté ?
Kisasi était bien plus court à l'origine, seulement 23 pages et mes alphas m'ont concocté une synthèse critique de… 26 pages ! À la première lecture, on se dit que le texte est bon à jeter. À la seconde, que les remarques sont extrêmement judicieuses. Et après la troisième lecture, on se met au boulot.
Tout en gardant la trame originale, j'ai réécrit presque entièrement le texte, modifié le personnage de Charles et travaillé à distiller les informations sur le contexte géopolitique de façon plus fluide. Le travail de mes bêtas a permis de peaufiner le texte et de clarifier certains passages. Il faut aussi mentionner l'intervention indispensable de mes deux « spécialistes », qui m'ont aidée à donner de la couleur à mon Afrique et du corps à mon dispensaire et son personnel.
Ce travail a été très enrichissant non seulement parce que le roman final a vraiment gagné en qualité, mais aussi parce qu'il m'a permis de mieux appréhender mes défauts d'auteur, ce qui me sert pour les textes que j'écris maintenant.

Pratiquement trois ans ce sont écoulées depuis l'estampille. Il faut s'armer de patience ! Comment as-tu géré l'après estampille, la recherche, les péripéties en tous genre qui émaillent le parcours du roman jusqu'à sa publication ? Et quel conseil donnerais-tu ?
J'ai eu beaucoup de chance : l'annonce de l'estampille de Kisasi est parue dans la lettre partenaires de CoCyclics, et plusieurs éditeurs m'ont demandé le texte. 15 jours plus tard, Griffe d'Encre m'a dit oui. Et je me suis laissée vivre pendant deux ans et demi. ; )
Si j'avais un conseil à donner, ce serait de n'envoyer son texte qu'aux éditeurs avec qui on a envie de collaborer. Comme dans toute relation professionnelle, la confiance est un facteur déterminant pour travailler ensuite dans de bonnes conditions.

Après le oui de l'éditeur, il y eu les corrections éditoriales, comment ça s'est passé chez Griffe d'Encre ?
Connaissant Menolly, je craignais des corrections très pointilleuses, mais il n'y a eu que quelques points de détail. C'est là qu'on apprécie d'avoir bénéficié de regards extérieurs !

Kisasi est une histoire dure, le genre qu'on prend en pleine figure, qui fait réagir. Comment en tant qu'auteure tu vis ce genre d'écriture qui peut être éprouvante sur le plan émotionnel ?
Quand j'écris un roman, j'y pense sans arrêt, je construis les scènes dans ma tête avant de les rédiger. Pour Kisasi, ça a été difficile de baigner en permanence dans cette ambiance, mais l'écriture a été libératrice. De plus, j'ai écrit et corrigé très vite ce texte ; c'est la durée qui devient pesante.
En revanche, même si le roman baigne dans un climat de tension latente, je n'ai volontairement pas fait étalage de scènes violentes gratuites, qui n'auraient rien apporté au texte. J'ai préféré confronter les points de vues de mes deux personnages, qui ne vivent pas cette violence de la même façon.

Appréhendes-tu la réaction des lecteurs ?
Je me doute bien que certains lecteurs ne voudront pas se plonger dans un texte qui aborde un sujet si dur, et c'est légitime. L'illustration comme la quatrième de couverture reflètent bien le contenu du texte, les lecteurs les plus sensibles sont prévenus.

Aïssata est le personnage central de l'histoire, une femme émouvante, une victime qui n'est pas "angélisée" et capable à son tour de cruauté. Comment as-tu caractérisé ce personnage ?
J'ai voulu faire d'Aïssata une femme implacable. C'est une victime dont la vie a été brisée, et qui a trouvé un objectif dans la vengeance. Elle garde toujours des stigmates qu'elle dissimule derrière sa colère et sa haine envers ses bourreaux. Je l'ai voulue complexe, sur le fil : on ressent de la compassion pour elle, mais on peut désapprouver ses méthodes ou sa vision des choses.

À l'opposé d'Aïssata, Charles possède un pouvoir bien particulier, celui d'effacer la douleur. Les pouvoirs, les dons, la sorcellerie sont au coeur du folklore africain, et finalement, ne seraient-ce pas des malédictions pour ces habitants ?
Je pense que tout dépend de la manière dont on utilise ces pouvoirs et de l'éthique qu'on y place. Dans Kisasi, j'ai choisi de ne pas prendre parti pour l'un ou l'autre de mes personnages, chacun s'identifiera à celui dont la vision est plus proche de la sienne.

L'humanitaire est un autre thème important du roman, est-ce que tu as été inspiré par les fameux "French Doctors" ? Est-ce que tu t'es documentée ?
Non, pas du tout, je suis partie d'une vision purement africaine et je me suis plutôt inspirée du fondateur de l'hôpital de Panzi, le docteur Denis Mukwege (qui apparaît d'ailleurs dans l'histoire). Pour créer le dispensaire, j'ai demandé de l'aide à une amie médecin qui est partie plusieurs fois en mission humanitaire.

La choix d'une couverture fait partie des joies d'un auteur, comment est-ce que tu as travaillé avec l'éditeur sur ce sujet ? Et qu'as-tu ressenti au moment de découvrir les épreuves ?
J'avais une idée de couverture en tête mais Zariel a jugé que c'était trop « parlant » pour une novella. J'ai vraiment été emballée par sa proposition, qui est très proche de la version finale. Je trouve qu'elle illustre parfaitement le personnage d'Aïssata et la férocité qui l'habite.

Et pour finir, quels sont tes projets à venir ?
J'ai envoyé il y a peu à plusieurs éditeurs un roman dont les héros sont trois jeunes gens et seize chiens de traîneaux. Croisez les doigts pour moi !
En ce moment j'écris une novella de science-fiction dont l'héroïne est paraplégique. Et il reste quelques idées en train de mûrir dans ma besace, dont un projet d'écriture à quatre mains avec une amie. Pas d'angoisse de la page blanche en vue !

Merci d'avoir répondu à nos questions et nous te souhaitons le meilleur pour Kisasi.
Merci à vous !


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